Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Street Press
Notre Dame d’Orveau, le lycée favori de l’extrême droite
#extremedroite #fascisme #democratie #ecole
Article mis en ligne le 30 octobre 2023
dernière modification le 29 octobre 2023

À Notre Dame d’Orveau, établissement catho sous contrat, les enfants de grands patrons côtoient les gamins Le Pen ou de Villiers et les militants de groupuscules nazifiants. Bienvenue dans un lycée où la pensée réactionnaire circule sans entrave.

(...) Ces enfants aux patronymes célèbres côtoient des jeunes très radicaux venus d’Île-de-France et d’ailleurs. Ils nourrissent sur leur temps libre les rangs de mouvements violents comme le syndicat étudiant du Gud ou le groupe angevin national-catholique Alvarium. À toutes ces têtes blondes aux tempes bien dégagées, on enseigne à coup de claques les valeurs traditionnelles.

Un « refuge » très encadré et marqué (...)

Yann de Cacqueray insiste sur la ligne qu’il a suivi : « L’idée d’offrir aux élèves un développement physique, intellectuel, moral et spirituel sur place. » Autour de « valeurs communes ». Lesquelles ? Des anciens enseignants ont été frappés par des symboles qu’ils ont tous, forcément, repérés. « Les croix gammées sur les tables, les trousses. Des étoiles de David dessinées, beaucoup de drapeaux avec des cœurs vendéens (...)

« On n’avait pas le droit de punir. On nous servait ce discours : “On sait, ça peut déranger, mais c’est comme ça. Pas la peine de saisir l’administration, ça n’ira pas plus loin”. »

Sur la route des matchs de rugby, les joueurs de l’association sportive pouvaient se chauffer en entonnant « des chants nazis dans les cars », certaines années. Le même genre de chants décrit par des témoignages concordants dans une procédure pénale que nous avons pu consulter, visant des élèves du lycée condamnés pour violences et provocation à la haine raciale, après un déferlement aux cris de : « À mort les Noirs, à mort les Arabes », fin octobre 2016, dans les rues du centre-ville d’Angers. (...)

« On n’avait pas le droit de punir. On nous servait ce discours : “On sait, ça peut déranger, mais c’est comme ça. Pas la peine de saisir l’administration, ça n’ira pas plus loin”. »

Sur la route des matchs de rugby, les joueurs de l’association sportive pouvaient se chauffer en entonnant « des chants nazis dans les cars », certaines années. Le même genre de chants décrit par des témoignages concordants dans une procédure pénale que nous avons pu consulter, visant des élèves du lycée condamnés pour violences et provocation à la haine raciale, après un déferlement aux cris de : « À mort les Noirs, à mort les Arabes », fin octobre 2016, dans les rues du centre-ville d’Angers. (...)

Plusieurs témoins évoquent des dérapages racistes, au sein de l’établissement. « Un élève de sixième a vu sa veste déchirée en forme de croix gammée parce qu’ils pensaient qu’il était juif », dénonce Simon. « Sur un groupe de classe WhatsApp, une élève originaire du Congo a clairement été insultée de guenon. L’auteur a été renvoyé après remontée de la capture d’écran à la direction », pointe Pierre. Une sanction rare. « Les propos racistes en classe, dans les couloirs, c’était le quotidien », soupire Simon. La plupart restaient impunis. (...)

Entre les murs épais de l’ancien château d’Orveau, la pensée réactionnaire circulait sans entrave. Elle bénéficiait plutôt d’un consensus que les voix dissonantes, très minoritaires, n’osaient pas contrarier. (...)

« Les familles prenaient de plus en plus de poids, certains sujets ne devaient pas être abordés ». Les parents pouvaient par exemple « voir dans un mythe du sexe ou le diable ». Et pour l’étude des religions, au programme au début du collège, certains sont montés au créneau « parce que, pour eux, il n’y en a qu’une. On ne doit pas représenter les éventuels dieux » (...)

« Il y avait une confusion entre le programme et une forme d’apologie. On se confrontait à une forte réactivité des élèves, avec des débats houleux, des injures homophobes. Ils sont profondément anti-IVG, l’avortement est, à leurs yeux, un scandale. »

Pierre se souvient aussi des discours zemmouriens des étudiants sur le maréchal Pétain. (...)

L’internat, pierre angulaire d’un endoctrinement continu

Une figure a marqué les esprits : celle de Laurent J. Le responsable de l’internat, dépeint comme « mi-surveillant, mi-militaire », « toujours en treillis et crâne rasé », décrit Anne. Il verrouille d’une main de fer la pierre angulaire de l’établissement : l’internat. Méthodes musclées qui pouvaient aller jusqu’à des corrections, pensionnaires obligés de faire des pompes au milieu de la nuit… (...)

« Les élèves préparaient leurs panneaux pour la Manif pour tous à l’école, pendant l’étude, s’étonne encore Anne, encouragés par l’encadrement. J’ai même vu des panneaux “Je ne suis pas Charlie” placardés au mur. » C’était en janvier 2015, juste après l’attaque terroriste qui a décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique (...)

Une liberté très radicale alimentée par les subventions de l’État (...)