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Club de Mediapart/marina.mesure Députée européenne LFI, Rapporteure pour le groupe de La Gauche au Parlement européen sur la réforme du marché de l’électricité
Non, l’électricité payée en France n’est pas moins cher que chez nos voisins, mais elle pourrait l’être
#electricite #gaz #marché #concurrence
Article mis en ligne le 8 février 2024
dernière modification le 5 février 2024

Au 1er février, le prix de l’électricité vendue en France augmentera de plus de 10%. La facture des ménages aura donc subi une hausse d’environ 40% en seulement un an. Alors que les coûts de production moyens de l’électricité française sont stables depuis des années, que justifie cette hausse exponentielle du prix d’un bien pourtant essentiel ?

L’augmentation du prix de l’électricité n’est pas une fatalité, pas plus qu’elles seraient le fruit de circonstances en dehors de notre contrôle. La hausse au 1er février correspond à une augmentation des taxes applicables à l’électricité décidée par le gouvernement en plein hiver d’augmenter le prix de l’électricité, n’ignorant pas que cette mesure frappe avant tout les ménages vulnérables qui vivent le plus souvent dans des logements mal-isolés. Guerre en Ukraine ou pas, le coût de l’électricité produite en France est sensiblement le même d’une année à l’autre puisque le gaz ne représente même pas 10% de la production électrique nationale. Le marché européen impose néanmoins que le prix de l’ensemble de l’électricité vendue, peu importe son coût de production, soit aligné sur l’électricité la plus chère, produite à partir de gaz. On comprend alors que la hausse du prix de l’électricité est avant tout artificielle.

EDF est contrainte d’augmenter régulièrement le prix de vente de l’électricité à ses clients pour permettre à des concurrents d’exister. Ces concurrents, aussi appelés « fournisseurs alternatifs », ne produisent pour la plupart pas d’électricité et se contentent d’acheter à EDF de l’électricité pour la revendre plus cher (...)

Le prix de l’électricité est donc bien régulé et proche des coûts de production pour les fournisseurs, mais pas pour les usagers.

L’ouverture à la concurrence de l’électricité explique donc ces hausses successives, avec pour effet de réduire drastiquement le niveau de vie des ménages, la compétitivité des entreprises et les marges financières des collectivités. (...)

L’électricité coûte donc deux fois et demi plus cher aux usagers depuis l’ouverture à la concurrence alors que son coût est stable, et les capacités de production électrique stagnent, risquant d’exposer le pays à une pénurie d’électricité à terme.

Contrairement à ce qu’affirme le Président de la République, cette aberration tarifaire ne frappe pas moins les Français que leurs voisins européens. C’est même plutôt l’inverse. (...)

La réforme du marché de l’électricité qui entrera en vigueur dans le courant de l’année ne règle rien au problème. Cette pseudo réforme maintient l’alignement des prix de l’électricité sur ceux du gaz dans le seul but de garantir des marges conséquentes aux producteurs d’électricité nucléaire ou renouvelable. (...)

Le groupe de la Gauche au Parlement européen, où siège la France Insoumise, a été le seul groupe parlementaire à voter contre ce texte qui approfondit les logiques de marché et entérine la fin programmée des tarifs réglementés.

La crise du prix de l’électricité a mis en évidence les nombreux dysfonctionnements de l’ouverture à la concurrence du secteur. (...)

Il est temps de sortir du dogme de la concurrence et rendre à EDF son monopole sur la production et la vente d’électricité, pour que le prix de vente de l’électricité aux usagers corresponde de nouveau à son coût.