
Des enregistrements audios - obtenus par un média grec - sèment le doute sur les responsabilités de la marine hellénique dans le naufrage d’un chalutier au large de Pylos en juin 2023. Athènes a toujours nié sa responsabilité dans le drame. Depuis le début de cette affaire, la défense de la Grèce repose principalement sur le fait que le bateau bondé ne nécessitait pas d’aide urgente car il faisait route vers l’Italie. Mais dans la bande-son obtenue par des journalistes, un officier grec ordonne aux exilés de dire qu’ils souhaitent aller en Italie, et non en Grèce.
Le navire avait quitté la Libye pour l’Italie et était resté sous la surveillance de la marine grecque pendant près de 12 heures avant de couler. Sur les 750 passagers, seuls 104 migrants ont survécu.
Les corps de 82 migrants ont été retrouvés, au moins 500 personnes sont portées disparues.
Dans cette affaire, les gardes-côtes ont été accusés à plusieurs reprises par des ONG et avocats grecs de travestir les faits pour se dédouaner de toute responsabilité. Les autorités, elles, ont toujours nié être à l’origine de ce naufrage meurtrier.
"Je veux que vous écriviez qu’ils ne veulent pas rester en Grèce" (...)
La BBC détaille le contenu des conversations enregistrées par le centre conjoint de coordination des secours (JRCC) du port du Pirée, près de la capitale Athènes. (...)
La version des autorités grecques contredite à plusieurs reprises (...)
Depuis le début de cette affaire, la défense d’Athènes repose principalement sur le fait que le chalutier bondé ne nécessitait pas d’aide d’urgente car il faisait route, à une vitesse régulière, vers l’Italie, comme le souhaitaient les passagers.
Mais cette version a été plusieurs fois contredites par les témoignages des survivants et des enquêtes journalistiques fouillées. En juin 2023, la BBC avait démontré que le bateau était à l’arrêt au large de la Grèce, et non en train de naviguer vers les côtes italiennes. L’analyse des mouvements des autres navires dans la zone suggère que le chalutier surchargé n’a pas bougé pendant au moins sept heures avant de sombrer. (...)
Par ailleurs, des rescapés avaient affirmé, quelques heures après le naufrage, que la marine avait fait chavirer le bateau en tentant de le remorquer en dehors des eaux grecques. "Les gardes-côtes grecs ont demandé aux migrants de les suivre, mais ils n’ont pas pu", avait à l’époque indiqué l’ancien Premier ministre Alexis Tsipras, après une rencontre avec les survivants.
"Les autorités ont alors jeté une corde, mais parce qu’ils ne savaient pas comment tirer cette corde, le navire a commencé à se balancer à droite et à gauche, avait-il raconté. Le bateau des gardes-côtes allait trop vite, et le navire des migrants penchait déjà sur la gauche. C’est comme ça qu’il a coulé."
Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis, dont le pays est accusé de pratiquer des refoulements illégaux à sa frontière avec la Turquie, avait jugé "très injuste" la mise en cause des autorités portuaires.
"Série d’omissions graves et persistantes" (...)
Dans cette affaire, neuf migrants égyptiens avaient été désignés par l’État grec comme des passeurs responsables de ce naufrage meurtrier. Mais après 11 mois passés en détention provisoire, ces neuf exilés ont été acquittés par la justice, en mai 2024, au premier jour de leur procès.