
Le commissaire Grégoire Chassaing, chargé des opérations de police lorsque Steve Maia Caniço est mort dans la Loire le 21 juin 2019 à Nantes, a été relaxé vendredi par le tribunal judiciaire de Rennes. Une décision qui va à l’encontre des réquisitions du parquet.
Pas une seule personne n’aura donc été jugée responsable de la mort de Steve Maia Caniço, tombé dans la Loire lors d’une charge policière le 21 juin 2019 à Nantes. Grégoire Chassaing, le seul jugé au mois de juin pour homicide involontaire, vient d’être relaxé ce vendredi par le tribunal de Rennes. Un non-lieu avait également été prononcé pour la maire de Nantes et des responsables de la préfecture, un temps mis en cause.
Le parquet, qui demandait une simple « peine exemplaire » et avait trouvé de nombreuses circonstances atténuantes, n’aura tout de même pas été suivi. Son réquisitoire pointait pourtant la responsabilité évidente de ce commissaire de police chargé des opérations. Le tribunal, lui, estime qu’il y a bien un lien entre la chute de Steve et l’opération de police mais estime que le commissaire de 54 ans n’a pas commis de « faute caractérisée ».
« La famille est extrêmement déçue », déplore à Mediapart leur avocate Cécile de Oliveira. « Nous attendons de voir ce que fera le parquet qui a dix jours pour faire appel », poursuit-elle. « C’est un débat juridique complexe, mais j’attendais une autre décision. »
Les faits remontent au 21 juin 2019 lors de la fête de la musique (...)
les choses dérapent lorsque Grégoire Chassaing se rend sur les lieux pour faire cesser la musique. Au neuvième stand, le DJ éteint le son puis le rallume sitôt le commissaire parti.
Les juges d’instruction dressaient le portrait d’un commissaire vexé par cette provocation et qui avait décidé alors de punir les fêtards en menant une charge policière. En seulement dix minutes, lui et ses hommes tirent trente-trois grenades lacrymogènes, dix grenades de désencerclement et douze projectiles de LBD. Le nuage de lacrymogène asphyxie la foule et provoque la panique. L’enquête montrait par ailleurs que les policiers étaient informés du risque de noyade puisque, dès 3 h 50, l’information d’une chute dans la Loire circulait sur les ondes radio. (...)
Au moins cinq personnes tombent à l’eau. Quatre sont secourues ; Steve Maia Caniço, lui, disparaît dans la Loire. Les expertises montrent qu’il est tombé à 4 h 33, après le début de la charge policière. Son corps ne sera repêché qu’un mois plus tard. (...)