
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) publie une nouvelle étude qui dresse un bilan des parcours dans les minima sociaux aux abords des âges de départ à la retraite. Cette étude s’appuie sur une nouvelle base de données statistiques, obtenue par le croisement des données de l’échantillon interrégimes de retraités (EIR) et de l’échantillon national interrégimes d’allocataires de compléments de revenus d’activité et de minima sociaux (ENIACRAMS) de la DREES.
Grâce à cette source, il est possible de suivre la proportion de bénéficiaires de minima sociaux, avant l’âge minimal légal de départ à la retraite jusqu’à l’âge d’obtention automatique de la retraite à taux plein et d’analyser ainsi dans quelle mesure la retraite permet à certaines personnes de sortir, ou non, des minima sociaux (...)
La part des bénéficiaires de minima sociaux baisse aux âges de la retraite, passant de 11 % à 61 ans à 5,5 % à 70 ans
À 61 ans, c’est-à-dire juste avant l’âge légal minimal de droit commun d’ouverture des droits à la retraite, environ 11 % des personnes vivant en France fin 2020, bénéficient d’un minimum social. Cette proportion diminue sensiblement juste après l’âge légal pour atteindre 7,3 % à 62 ans. Elle continue de baisser aux âges plus élevés, s’élevant à 6 % à 67 ans et 5,5 % à 70 ans. Même si la baisse ne s’explique pas exclusivement par l’augmentation des revenus lié à la liquidation de la pension, ces chiffres illustrent le fait que la retraite permet effectivement à certaines personnes de sortir des minima sociaux. Cela n’a toutefois pas lieu en une fois (à 62 ans) mais de façon étalée entre 62 et 67 ans.
Le passage à la retraite ne garantit pas une sortie des minima : plus d’un ancien bénéficiaire sur trois l’est toujours après les âges légaux de la retraite (...)
Parmi les personnes qui restent bénéficiaires, une majorité cumule minima sociaux et retraites de droit propre mais 12,5 % d’entre eux disposent d’un minimum social sans retraite personnelle. À noter que la probabilité d’être encore dans les minima sociaux à 70 ans varie selon le type de minimum perçu : plus faible pour les bénéficiaires, à 59 ans, de l’ASS (10 %) ou de l’AAH2 (incapacité comprise entre 50 et 79 % [45 %], beaucoup plus élevée pour les bénéficiaires à 59 ans du RSA (52 %) ou de l’AAH1 (incapacité supérieure ou égale à 80 %) [60 %].
Parmi ceux qui ne disposent plus d’un minimum social, cela ne signifie pas pour autant que le niveau de leur retraite de droit propre soit suffisant pour se situer au-delà des conditions de revenus. D’autres ressources comme la pension de retraite d’un conjoint sont prises en compte. (...)
Hausse mécanique du nombre de bénéficiaires de minima sociaux liée à la réforme des retraites de 2010
Avec la réforme des retraites de 2010 qui a relevé l’âge minimal légal de 60 ans pour la génération née en 1950 à 62 ans pour les générations nées à partir de 1955, le nombre des bénéficiaires s’est retrouvé mécaniquement orienté à la hausse avec les entrants à 60 et 61 ans. Cette hausse est différenciée selon que les personnes étaient déjà bénéficiaires d’un minimum social ou non. (...)
Les personnes déjà bénéficiaires d’un minimum social à 59 ans et qui le restent suite à la réforme de 2010, constituent ainsi la grande majorité du surcroît de bénéficiaires de minima sociaux induits par cette réforme dans les deux tranches d’âge de 60 et 61 ans.
Le manque de recul nécessaire ne permet pas, pour l’heure, de réaliser le même calcul suite à la réforme des retraites de 2023. (...)