Alors qu’un terrible cyclone vient de frapper Mayotte et que le bilan s’annonce catastrophique, on peut déjà s’interroger sur les responsabilités des uns et des autres dans ce territoire le plus pauvre de France.
Mayotte, dans l’archipel des Comores, est administrée par la France contre l’avis de l’ONU qui demande sa restitution aux autorités comoriennes. L’État français considère Mayotte comme son 101ème département mais pourtant traite le territoire comme nul autre.
Cette spécificité est en partie responsable de l’importance du bilan du cyclone Chido. Ce phénomène tropical, classé cyclone de catégorie 4, frappe Mayotte de plein fouet le samedi 14 décembre 2024. Les dégâts sont énormes et le bilan humain s’annonce lourd. Comment expliquer cela ?
Avec un taux de pauvreté de 77% et un taux de chômage de 34%, Mayotte explose tous les records. Le PIB/habitant, comme le revenu médian, y sont les plus faibles de France. L’île est habituée des problèmes d’électricité, de distribution d’eau, d’assainissement, de santé publique... Les établissements scolaires et hospitaliers sont insuffisants, tout comme les logements sociaux et les centres d’accueil.
Mayotte manque grandement d’infrastructures mais aussi de personnels tant elle souffre de sa mauvaise image. Pourtant, les investissements de l’État sont les plus faibles de France. (...)
Alors que les besoins sont énormes, les investissements sont insuffisants, l’État n’est pas au rendez-vous. Les collectivités locales non plus ; entre fonds européens non dépensés, emplois fictifs, investissements non-adaptés et détournement de fonds1, le Département, comme les communes se moquent de leur population.
Les habitants sont donc livrés à eux-mêmes, en particulier ceux qui vivent dans les bangas, cases des bidonvilles, dont on estime le nombre à au moins 100,000 personnes. Les autorités se concentrent sur les opérations de décasages, sans offrir de réelles solutions de relogement, comme c’était encore le cas du 2 au 12 décembre sur la commune de Koungou. Le préfet se félicitait alors de l’action de ses services alors même qu’ils jetaient des familles entières à la rue.
Ces populations pauvres sont celles qui se sont trouvées en première ligne lors du passage du cyclone Chido et c’est en leur rang que l’on va dénombrer le plus de morts. Les laissés pour compte, souvent de nationalité comorienne, sont ici habitués à servir de boucs émissaires et beaucoup leur imputent tous les maux de l’île.
Cette fois il est clair qu’ils ne sont ni responsables du dérèglement climatique qui accroît la fréquence et l’intensité des catastrophes naturelles, ni responsables du sous-investissement chronique de l’État français à Mayotte, ni responsables du manque d’anticipation et de préparation des autorités locales.
Aujourd’hui Mayotte est ravagée, les bidonvilles sont rasés, les bâtiments publics sont endommagés, le réseau routier est impraticable, même l’aéroport n’est pas fonctionnel. Les habitants sont littéralement livrés à eux-mêmes et ne peuvent compter sur personnes tant les responsables politiques ont montré leur inefficacité. (...)