
Derrière l’abandon des procédures de fact-checking en vigueur chez Facebook se profile une allégeance totale de Zuckerberg aux priorités et à l’idéologie de la nouvelle administration.
• Mark Zuckerberg a décidé de faire de Meta une machine politique au service de la présidence Trump.
• Son offensive déclarée contre “la censure” du fact-checking, contre le wokisme ou les réglementations internationales est motivée par une idéologie extrémiste décomplexé.
• Un réseau social à la puissance planétaire (4 milliards d’utilisateurs) mis au service d’une présidence américaine ouvertement agressive, est un événement d’une importance exceptionnelle.
Le contenu de cette vidéo est tellement insensé qu’on croit d’abord à un fake. Mais c’est bien Mark Zuckerberg qui s’exprime ce mardi 7 janvier sur Facebook.
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Pourquoi ce texte est important
• Éliminer les fact-checkers revient à tourner le dos à des années de politique de lutte contre la désinformation et les excès en tous genres. (...)
• Supprimer le filtrage automatisé sous prétexte qu’il est sujet aux erreurs est, au mieux, d’une monumentale mauvaise foi, au pire, un constat d’échec terrible pour une entreprise de tech qui s’est posée pendant des années comme la plus compétente dans la modération algorithmique. (...)
• Remplacer la modération par une autorégulation des utilisateurs est illusoire. L’expérience montre qu les réseaux sociaux sont incapables de s’autoréguler. (...)
• Zuckerberg reprend la rhétorique d’Elon Musk et de la droite trumpiste sur le rôle central joué par les “médias traditionnels” sur la “censure” ambiante qui ont fait taire les opinions populaires au profit d’une mise en avant des thèmes de l’immigration et du genre.
• Le fondateur de Facebook a donc en tête de réinstaller le discours politique. Mais, en mettant à zéro les moyens de modération desdits contenus, on voit assez précisément où cela va mener le débat public.
• La référence à l’arrivée “d’une nouvelle ère” est clairement une allégeance à Donald Trump. Meta ne veut pas se laisser déborder par le réseau Truth Social qui est le porte-voix de Trump et dont Zuckerberg craint la montée en puissance (...)
• La délocalisation des équipes chargées de la modération est clairement une sanction contre les personnels de Meta que Zuckerberg veut soustraire à l’influence néfaste (lire : gauchiste) de la Californie. (...)
La guerre à l’Europe est déclarée. Et tant qu’on y est, à tous les pays qui se mettent en travers de la volonté hégémonique des Etats-Unis nouvelle mouture. (...)
• Après la première élection de Donald Trump, le monde avait découvert avec effroi le caractère implacable de cette machine à fragmenter la société qu’était Facebook. (...)
Une pestilence morale qui avait conduit Facebook à se refaire une image en devenant Meta et pour Zuckerberg, à délaisser son look de Jules César geek pour une allure vaguement plus rassurante.
Ce discours marque un tournant dans la révolution numérique. Cette remarque n’a rien d’exagéré. Facebook s’est construit sur la monétisation de la rage et de l’outrance. A ce titre, le réseau social (et ses dépendances) est devenue une puissante bombe à fragmenter les démocraties. Le voici aujourd’hui qui fait allégeance à une administration autocratique, imprévisible et hégémonique (cf le feuilleton sur le Groenland et Panama). Tout cela n’a rien de fun. —