
Relaxé en première instance, l’ancien ministre du travail a finalement été reconnu coupable de favoritisme pour avoir truqué un marché au profit du groupe Saur, géant du marché de l’eau, en 2009. Mediapart avait révélé l’affaire en mai 2020.
L’affaire Dussopt débouche finalement sur une condamnation. L’ancien ministre du travail d’Emmanuel Macron a été reconnu coupable, vendredi 7 février, des faits de favoritisme qui lui étaient reprochés au profit de la Saur, un des géants français de la gestion de l’eau, selon des informations de Mediapart.
Olivier Dussopt, qui avait été relaxé en première instance, a été condamné par la cour d’appel de Paris à 15 000 euros d’amende, dont 10 000 euros avec sursis, pour avoir fourni des « informations privilégiées » au directeur général de la Saur de l’époque, Olivier Brousse, en vue de l’obtention d’un marché en 2009 dans la commune d’Annonay (Ardèche), dont il était le maire. Reconnu coupable de complicité de favoritisme, Olivier Brousse a écopé pour sa part de 15 000 euros d’amende, tandis que la Saur, condamnée pour recel de favoritisme, devra verser 100 000 euros d’amende. Les condamnés ont désormais la possibilité de former un pourvoi en cassation pour contester ce jugement. (...)
Tout juste décoré de la Légion d’honneur, l’ancien ministre, qui avait quitté le gouvernement en janvier 2024 après avoir conduit la réforme des retraites, s’était dit « heureux que [s]on innocence soit reconnue et que justice [lui] ait été rendue », en janvier 2024, après sa relaxe en première instance dans une affaire lancée en 2020. Cette année-là, Mediapart révèle que celui qui est alors secrétaire d’État à la fonction publique a reçu, en janvier 2017, lorsqu’il était encore à la tête de la mairie d’Annonay, des lithographies de Gérard Garouste, son peintre préféré, de la part d’un représentant local de la Saur. (...)
D’après le PNF, Olivier Dussopt a truqué ce marché pour deux raisons convergentes. D’abord un intérêt politique dans un contexte où le maire d’Annonay faisait face aux protestations de la Saur et de ses salariés locaux après l’annonce d’un passage en régie du système de traitement des eaux (une promesse de campagne) et aurait ainsi souhaité adoucir la contestation. Ensuite un intérêt économique pour la Saur, qui a conservé un marché, certes moins rentable que la délégation complète dont elle bénéficiait jusque-là, mais non négligeable pour un groupe alors en difficultés financières.
Malgré les cadeaux reçus et les soupçons de favoritisme dans le marché de 2009, le président Emmanuel Macron avait toujours maintenu sa confiance à son ministre, auquel il n’avait jamais demandé de quitter ses fonctions. (...)