Leurs cibles sont nombreuses : « gauchistes », personnes LGBTQI+, immigrés, juifs, musulmans, élus, journalistes… Et leur haine ne se borne pas à déferler sur les réseaux sociaux, comme le montre notre carte des violences d’extrême droite
Intimidations contre un atelier d’artistes drag-queen à Lamballe, tags LGBTphobes pendant le mois des fiertés à Nantes, menaces contre des journalistes à Carhaix, agression physique violente contre des étudiants à Rennes, incendies volontaires contre le domicile du maire de Saint-Brévin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, et la mosquée de Saint-Martin-des-Champs (Finistère)…
En l’espace de près de 18 mois, en Bretagne et dans la région nantaise, une série d’actes violents a frappé des lieux de culte musulmans, des centres ou initiatives de groupes LGBT, des permanences de syndicats ou de partis classés à gauche, des journalistes de la presse locale ou encore des militants solidaires des personnes exilées. (...)
Croix celtiques et tags nazis
Basta ! a cherché à cartographier pour rendre visible cette vague de violences. La liste des évènements recensés sur cette carte n’est toutefois pas exhaustive (...)
Si, pour la majorité de ces violences, les responsables n’ont pour le moment pas été retrouvés, les auteurs des faits ont très souvent laissé leur signature sur place (...)
L’héritage des collabos bretons
En Bretagne et dans la région nantaise, cette extrême droite prend différents visages, comme l’explique le politologue Jean-Yves Camus dans un entretien avec Basta !. Ces derniers mois, Reconquête, le parti d’Eric Zemmour, a été moteur dans les mobilisations xénophobes opposées aux projets d’accueil de personnes réfugiées ou demandeuses d’asile à Callac et Saint-Brévin-les-Pins. Le 14 avril 2023, des militants de Reconquête protestent même, devant un lycée de Lorient, contre la venue de l’association SOS Méditerranée, qui assure des sauvetages en mer de réfugiés en détresse.
A Brest, en octobre 2023, la permanence du Parti communiste français (PCF) subit une nouvelle fois des dégradations. Les tags inscrits sur la façade font référence au Parti national breton (PNB), organisation ayant collaboré avec l’occupant nazi pendant la seconde guerre mondiale et encore active dans la région. Des lieux de mémoire sont également ciblés. (...)
A Rennes, le groupuscule L’Oriflamme, né d’une scission des royalistes de l’Action française, a été notamment à l’initiative d’un rassemblement contre un atelier drag-queen à Saint-Senoux en mai 2023 et d’une manifestation suite à la mort de Thomas, un adolescent de 16 ans poignardé dans une rixe survenue dans une fête de village, à Crépol (Drôme) en novembre dernier.
Plusieurs membres de ce groupuscule identitaire sont également accusés par le syndicat Solidaires d’être les auteurs de l’agression contre des étudiants à Rennes, le 19 mars 2023. De nombreux militants de l’Oriflamme étaient par ailleurs présents lors de la récente manifestation fasciste du Comité du 9 mai, organisée en plein cœur de Paris.