Bien que modestes, les transferts de fonds constituent ce que l’on appelle "le plus grand programme mondial de réduction de la pauvreté". Dans le cas des réfugiés, les emplois qui leur permettent d’envoyer de l’argent contribuent grandement à la vie des familles restées au pays.
(...) 200 à 300 dollars américains tous les mois ou tous les deux mois : c’est le montant moyen que les travailleurs migrants envoient à leur famille restée au pays, selon l’Onu. Bien que cela puisse sembler modeste, pour l’ensemble des migrants vivant dans les pays de l’Union européenne, ces transferts d’argent mis bout à bout représentent environ 63 milliards d’euros par an envoyés vers les pays d’origine.
Pour les familles qui dépendent de ces transferts, cet argent est une bouée de sauvetage qui leur permet non seulement de subvenir à leurs besoins quotidiens, mais aussi de financer des projets à plus long terme.
Petite contribution, grand impact
Car convertis en fonction du pouvoir d’achat dans le pays destinataire, ces fonds représentent une source de financement fiable qui permet de couvrir les dépenses courantes telles que le loyer, la nourriture et les frais de scolarité. Ils servent également de réserve en cas d’imprévus comme pour soigner une maladie ou gérer les conséquences d’épisodes météorologiques extrêmes.
Lorsque les économies locales vacillent, les transferts d’argent deviennent un soutien financier essentiel. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les transferts de fonds ont le potentiel de redynamiser les économies locales en difficulté (...)
Dans les pays où les salaires mensuels moyens sont extrêmement bas et où les transferts de fonds des travailleurs migrants constituent la seule source de revenus significative, un transfert mensuel moyen de 200 à 300 dollars américains peut représenter plusieurs fois le salaire local. C’est cet effet multiplicateur qui rend les transferts "modestes mais réguliers" si importants. (...)
La Banque mondiale note que ce flux régulier de revenus peut aider à protéger les familles contre les effets du chômage et créer une sécurité financière contre les conflits, les déplacements ou l’instabilité économique. Cependant, l’organisation note aussi que la mobilité des travailleurs qualifiés peut porter préjudice aux économies locales lorsque des professions essentielles, notamment dans la santé, partent à l’étranger pour des emplois mieux rémunérés. (...)
Les pays dans lesquels les travailleurs migrants s’installent bénéficient également des revenus qu’ils génèrent. Les migrants contribuent à combler des pénuries de main-d’œuvre, apportent des compétences spécialisées et stimulent souvent l’innovation et l’esprit d’entreprise. Ils paient des impôts, cotisent aux systèmes de retraite et de sécurité sociale et contribuent à soutenir les secteurs confrontés au vieillissement de la population.
Les transferts de fonds des réfugiés
Il est à noter que la contribution des réfugiés aux transferts de fonds est plus difficile à tracer. Les réfugiés et les demandeurs d’asile sont confrontés à des obstacles particuliers comme leur statut juridique précaire, les restrictions dans le droit au travail, les emplois informels et les longs délais d’attente pour les formalités administratives.
Les tendances en matière de transferts de fonds des réfugiés sont souvent sous-estimées et mal comprises.
Des recherches menées en Europe suggèrent que les réfugiés envoient moins souvent des fonds que les autres migrants, principalement en raison de leur statut instable et de leur faible employabilité pour un emploi régulier, et ce en raison de la langue et d’une série d’autres barrières. (...)
L’effet positif d’une situation administrative et d’un emploi stables
Une étude menée par Talent Beyond Boundaries (TBB), une organisation qui aide les réfugiés qualifiés à trouver un emploi à l’étranger grâce à des procédures officielles d’obtention de visa, a révélé des résultats frappants concernant les réfugiés qui ont trouvé un emploi. Après avoir trouvé un emploi stable à l’étranger, les réfugiés qualifiés envoient chaque mois des fonds dans leur pays d’origine qui dépassent souvent de 700 % les revenus locaux. (...)
En conclusion, les transferts de fonds, modestes et réguliers, constituent, une fois additionnés, un filet de sécurité mondial. Lorsque les réfugiés sont autorisés à travailler, à se déplacer ou à retrouver leur famille, leur salaire leur permet non seulement de se nourrir, mais aussi de reconstruire leur vie, de financer leur éducation et de nourrir des rêves qui leur étaient auparavant inaccessibles.