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Les scientifiques sonnent l’alarme face au réchauffement dramatique des océans
#oceans #rechauffementclimatique #biodiversite #ecosysteme
Article mis en ligne le 15 avril 2024
dernière modification le 13 avril 2024

L’augmentation vertigineuse de la température des océans alarme les scientifiques, qui appellent à renforcer la recherche sur les changements à l’oeuvre et craignent des effets dévastateurs sur le climat dans son ensemble.

« Les changements se produisent si rapidement que nous ne sommes pas en mesure d’en suivre l’impact », reconnaît Vidar Helgesen, secrétaire exécutif de la Commission océanographique intergouvernementale de l’UNESCO, pour qui « s’attaquer au réchauffement des océans est urgent ».

« Un effort beaucoup plus important d’observation et de recherche en temps réel est nécessaire », a-t-il dit à l’AFP lors de la conférence de la Décennie des Océans qui s’achève vendredi à Barcelone et a réuni 1500 scientifiques, représentants d’États ou d’organisations.

La température des océans, qui recouvrent 70 % de la Terre et jouent un rôle clé dans la régulation du climat mondial, a atteint un nouveau record absolu en mars, avec 21,07 °C de moyenne mesurés en surface, hors zones proches des pôles, selon l’observatoire européen Copernicus.

Cette surchauffe, qui ne cesse mois après mois de s’aggraver depuis un an, menace la vie marine et entraîne une humidité plus importante dans l’atmosphère, synonyme de conditions météorologiques plus instables, comme des vents violents et des pluies torrentielles.
Capacité pas « infinie »

Selon les spécialistes, les océans ont absorbé depuis le début de l’ère industrielle 90 % de l’excès de chaleur provoqué par l’activité humaine. Les milieux marins, qui produisent près de la moitié de l’oxygène que nous respirons, ont ainsi permis à la surface de la Terre de rester habitable.

« L’océan a une capacité thermique beaucoup plus grande que l’atmosphère, il absorbe beaucoup plus de chaleur, mais il ne peut pas l’absorber à l’infini », avertit Cristina González Haro, chercheuse à l’Institut des sciences de la mer de Barcelone.

Selon une étude de référence publiée en janvier, les océans ont encore absorbé en 2023 une quantité d’énergie colossale, pouvant faire bouillir des « milliards de piscines olympiques ».

L’un des objectifs majeurs de la Décennie de l’océan (2021-2030) est de tenter d’élargir les connaissances sur le réchauffement et de décrypter ses multiples implications, pour tenter de les limiter. (...)

« On est sur une trajectoire qui interroge beaucoup les scientifiques et on se demande si on n’a pas sous-estimé le réchauffement climatique à venir », a mis en garde à Barcelone Jean-Pierre Gattuso, spécialiste au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) français. (...)

« Nous sommes nombreux à être quelque peu frustrés de voir que, malgré les démonstrations scientifiques du changement climatique et de ses conséquences, la mise en oeuvre de l’Accord de Paris soit aussi lente, aussi difficile, aussi douloureuse. Ça n’augure rien de bon » pour le futur, a déploré M. Gattuso.

Les chercheurs font toutefois état de quelques signaux positifs, comme l’adoption en 2023 par les États membres de l’ONU — après 15 ans de discussions — d’un traité historique de protection de la haute mer.

« Si je pouvais adresser un message aux décideurs, présidents, premiers ministres ou chefs d’entreprise, je pense que ce serait : “prenez un moment dans votre agenda chargé et regardez dans les yeux vos enfants et petits-enfants” », a exhorté M. Helgesen. (...)