C’est un changement de doctrine majeur annoncé par le Premier ministre Benyamin Netanyahu. Israël veut briser sa dépendance militaire vis-à-vis de l’étranger. L’État hébreu va injecter 110 milliards de dollars en dix ans pour produire ses propres armes.
C’est le prix de l’indépendance selon Benjamin Netanyahu : 350 milliards de shekels, soit 110 milliards de dollars sur dix ans. Depuis une base aérienne du sud du pays, le Premier ministre israélien a été très clair : l’objectif est de bâtir une industrie d’armement capable de se suffire à elle-même, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Michel Paul.
« Nous aspirons à ce que nos armements soient fabriqués autant que possible en Israël même, a déclaré le Premier ministre. Et cela comprend une partie des plateformes aériennes. Nous voulons réduire notre dépendance à l’égard de tous, même de nos amis ! » Une référence directe aux États-Unis, qui fournissent l’essentiel de l’arsenal israélien, mais aussi aux partenaires européens qui ont restreint leurs livraisons à cause de la guerre dévastatrice à Gaza. (...)
Après deux ans de conflits ininterrompus -contre le Hamas, le Hezbollah, et « guerre de 12 jours » contre l’Iran en juin dernier - Israël tire les leçons de ses vulnérabilités logistiques. Pour Benyamin Netanyahu, « la paix se fait avec les forts ».
Une dépendance vis-à-vis des États-Unis
Israël est depuis des décennies le premier récipiendaire de l’aide militaire américaine et la plupart de son équipement militaire provient des États-Unis. Selon des chiffres du Congrès américain, Washington a fourni au moins 3,3 milliards de financements militaires à Israël en 2025. (...)
L’illustration même de cette dépendance est la « guerre de 12 jours » contre l’Iran : « On se souvient que Benyamin Netanyahu avait bien l’intention de continuer cette guerre, et que c’est Donald Trump qui a décidé, au bout de douze jours que ça devait s’arrêter (...) Le président américain a immédiatement stoppé la fourniture de munitions, de renseignements, d’appui aérien, ce qui fait que Benyamin Netanyahu a réalisé qu’il n’avait pas une autonomie supérieure à quelques jours vis-à-vis des États-Unis pour mener une opération militaire. » Dans ce cas précis, le Premier ministre israélien n’a pas eu d’autre choix que d’obéir immédiatement, précise l’ancien officier.
16 % du budget alloué à la défense
En 2026, l’enveloppe allouée à la défense représentera donc 16 % du budget préparé par le gouvernement, soit 35 milliards de dollars. Sauf que le pays n’a pas les moyens d’investir autant dans l’industrie de l’armement, au risque de mettre son pays en danger sur le volet économique, estime Guillaume Ancel. (...)
Pour Guillaume Ancel, ce qui est inquiétant, c’est que cela montre que Benyamin Netanyahu fait sombrer la société israélienne dans une espèce de paranoïa permanente. « Il essaye de faire rentrer l’économie israélienne dans une forme d’économie de guerre. Et c’est aux Israéliens de dire s’ils sont d’accord avec ça ou pas ».