Dans la Manche et la Méditerranée, des milliers d’exilé.e.s disparaissent et se noient. Pour parer au pire et repérer les embarcations de fortune, des secouristes surveillent les mers nuit et jour. À bord des canots de sauvetage, la vie bascule. Hippolyte et Jean-Marc racontent.
Hippolyte est auteur de bande dessinée, reporter et photographe. Alors qu’il a 19 ans, sa mère lui annonce qu’elle lui a pris un billet d’avion pour Beyrouth : "Elle me dit : « C’est un peu dangereux, mais tu vas faire un chantier humanitaire là-bas pour aller rencontrer des gens et faire quelque chose de tes mains. »" Il en revient bouleversé.
"Je voulais voyager avec mes carnets, rencontrer des gens et donner de la voix à ceux qui n’en avaient pas."
Après le drame de Lampedusa en 2013 et la mort de plus de 500 femmes, hommes et enfants en mer, Hippolyte décide de rejoindre la jeune ONG SOS Méditerranée. "J’ai eu envie d’aller comprendre".
Il embarque sur le fameux navire appelé "Ocean Viking" en janvier 2021, en tant que journaliste photographe. Aux 24 personnes membres de l’ONG s’ajoute l’équipage du bateau qui comprend des russes, des philippins et des norvégiens. Hippolyte doit être extrêmement prudent, lorsqu’il prend des photos, à ne pas faire basculer les embarcations fragiles et surchargées.
"Il n’y a plus de jours, plus de nuits, on ne sait plus où on est. Il faut s’occuper de la nourriture, de la distribution, des douches, des toilettes."
Après un mois sur le bateau, l’équipage a sauvé 424 personnes. La vie s’organise progressivement à bord et devient plus légère à mesure que les rescapés se sentent en sécurité. "C’est fou le nombre de fois où c’étaient les rescapés qui nous relevaient et nous disaient « Ne sois pas triste, on va y arriver. »"
À l’issue de la première mission, Hippolyte décide de repartir de nouveau, cette fois en tant que sauveteur. (...)