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Mediapart
Les profs remplaçants, variable d’ajustement des académies en quête d’économies
#EducationNationale #remplacements #budget #Poitiers
Article mis en ligne le 9 octobre 2025
dernière modification le 6 octobre 2025

Un personnel encadrant de l’académie, interrogé par Mediapart, n’en revient pas : « Je n’ai jamais vu ça, en tout cas jamais dans une petite académie comme la nôtre, qui n’est pas particulièrement en tension. On a des besoins, de la ressource, des candidats, mais on ne peut pas recruter pour des questions purement comptables. » Le rectorat, sollicité pour s’expliquer sur cette note, n’a répondu à aucune de nos questions.

Christelle Fontaine, professeure de philosophie et secrétaire académique du syndicat Snes à Poitiers, partage également sa surprise : « L’an passé, nous avons eu une explosion des besoins de remplacements, qui ont dépassé le budget octroyé, mais rien ne laissait penser qu’on était dans une telle situation dès la rentrée. »

La syndicaliste décrit cependant un contexte de plus en plus dégradé dans une académie rurale, où les déplacements de personnels sont déjà compliqués. (...)

L’académie qui cache la forêt

Ce n’est pas la première fois qu’un rectorat décide de se priver de remplacements, quels que soient les besoins sur le terrain. En 2024, plusieurs académies avaient carrément décidé de ne pas reconduire les contrats d’enseignant·es en CDD à quelques semaines des fêtes de Noël, faute de moyens, jusqu’à provoquer une intervention officielle de la ministre de l’éducation alors en poste, Anne Genetet.

La décision de Poitiers est-elle le petit arbre qui cache la dense forêt, cette année encore ? « Le scandale que vit Poitiers, on l’a eu fin octobre l’an passé, rappelle Caroline Quiniou, secrétaire du syndicat Snes-FSU dans l’académie de Créteil, deuxième plus grosse académie en nombre d’élèves. Dans tous les cas, on recule pour mieux sauter. » (...)

Des économies à tous les étages

Le 27 août, la ministre Élisabeth Borne prévoyait une rentrée « sereine », grâce à un budget « constant » malgré un contexte austéritaire. Pourtant, les indices d’économies décidées coûte que coûte s’accumulent, un mois après la rentrée.

Ici, ce sont des affiches sur les violences sexuelles non imprimées. « Ça coûtait 20 000 euros, ils n’avaient pas les sous. Dans la deuxième académie de France, c’est une blague ! », ironise Catherine Quiniou.

En Seine-et-Marne, d’après Le Parisien, les professeur·es remplaçant·es qui naviguent d’école en école ne sont plus remboursé·es de leurs frais de déplacement, jusqu’à nouvel ordre. Ce qui veut dire des avances de plusieurs centaines d’euros par mois parfois, pour des salaires qui plafonnent sous la barre des 2 000 euros. « C’est un scandale, et c’est très inquiétant, souligne Catherine Quiniou. Est-ce qu’il faut comprendre que nos académies sont en banqueroute ? »