
(...) Invitée de “La grande librairie”, mercredi soir sur France 5, la Prix Nobel de littérature a exprimé clairement sa position sur la situation à Gaza dans une séquence forte de l’émission littéraire.
(...) Mercredi soir, la Prix Nobel de littérature Annie Ernaux s’est saisie de ces quelques minutes pour revenir sur la situation à Gaza. « Sentiment de quelque chose à faire que je ne fais pas, et qui rend dérisoire et même lâche l’acte d’écrire », énonce l’autrice. Vertige de l’écrivaine qui remet en cause son rôle d’écrivaine. Vertige du téléspectateur qui questionne ce qu’il voit et qu’il ne fait pas. « J’écrivais comme si je n’avais pas vu ces images effroyables, pas lu que l’obsession des habitants de Gaza c’est de ne pas mourir éparpillés en morceaux, parce que pour eux, la réalité est maintenant la mort et pas la vie. »
Alors que les voix prennent de la force, et que les mobilisations se multiplient, Annie Ernaux cherche ce socle commun qui permet de dire et d’agir. (...)
Face à la caméra, Annie Ernaux dénonce « le génocide qui se déroule à Gaza, en direct, dont toutes les preuves sont sous nos yeux. […] C’est l’anéantissement de la civilisation palestinienne qui est en cours. […] Le silence est en train de se briser. La voix qui s’élève, je la souhaite puissante et déterminée, pour exiger le cessez-le-feu définitif, le retour des otages israéliens et la libération des milliers de prisonniers palestiniens en Cisjordanie », dit-elle, en demandant de faire pression sur le gouvernement français et les instances internationales. (...)
Mais l’écrivaine revient aussi sur ce qui a entravé l’élan de solidarité. Il faut que « cesse la répression des mouvements de solidarité avec la Palestine », mais aussi « interroger l’imaginaire raciste à l’égard des Arabes, au cœur de l’acception du martyre de Gaza », dénonce-t-elle. Avant de citer une jeune autrice palestienne, Nour Elassy : « Si le monde peut nous regarder disparaître sans rien faire, rien de ce qu’il prétend défendre n’est réel. »