
Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et figure de la droite, distribue des centaines de millions d’euros aux lycées privés. Dans le même temps, les établissements publics n’ont plus le budget suffisant pour fonctionner.
On lave les sols à l’eau, des toilettes sont fermées car on ne peut plus les réparer, le chauffage est baissé », constate Olivier Moine, enseignant et secrétaire du syndicat Snes-FSU en région Auvergne-Rhône-Alpes. Des syndicats d’enseignants et des chefs d’établissements des lycées publics de la région ont tiré la sonnette d’alarme en décembre : faute de budget suffisant, les établissements ont de plus en plus de mal à fonctionner.
« On assiste une dégradation progressive des moyens de fonctionnement, aggravée par l’augmentation des coûts de l’énergie et l’inflation, poursuit Olivier Moine. Les chefs d’établissements ne peuvent pas fermer les lycées, alors on va réduire l’entretien et les crédits pédagogiques, c’est-à-dire les sorties scolaires, les dépenses de photocopies, on fait moins de maintenance… Et les établissements tapent aussi dans leur réserves. »
La charge du patrimoine bâti et le fonctionnement des lycées reviennent aux régions (même si le personnel est payé par l’État) [1]. Or, à en croire la communication du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, dirigé par le responsable LR Laurent Wauquiez, la région n’a jamais autant investi dans ses lycées.
300 millions d’argent public (...)
Le soutien à l’enseignement privé est un des axes affichés du plan régional. (...)
Entre 2016 et 2021, la région a ainsi débloqué 188 millions d’euros pour l’enseignement privé. Ce soutien a été réaffirmé en 2022 avec un nouvel investissement de 120 millions d’euros jusqu’en 2027. L’Auvergne-Rhône-Alpes soutient par exemple financièrement la construction de nouveaux lycées privés (...)
« Les grands gagnants de la politique régionale en investissement sont en réalité les lycées privés », dénonce un rapport de des groupes de gauche et écologistes du conseil régional sur l’état des lycées de la région. L’opposition a lancé en mai dernier une mission d’information et d’évaluation. (...)
L’investissement pour les établissements privés a presque triplé.
Aucune obligation sociale du privé
Les régions ont certes l’obligation de financer le fonctionnement des lycées privés sous contrat avec l’État. « Mais elles ne sont pas tenues de financer l’investissement, pointe le représentant Snes-FUS Olivier Moine. Et pourtant, dans la région, le robinet coule ! Pour nous, l’argent public doit aller au public », dit-il. « Les difficultés des lycées publics ne sont pas directement dues à l’argent donné aux lycées privés, mais ces sommes attribuées au privé contribuent à prendre une partie du budget », défend Bénédicte Pasiecznik, conseillère régionale écologiste en Auvergne-Rhône-Alpes. (...)
À l’heure où des lycées publics disent avoir du mal à se chauffer, les lycées privés accueillent de plus en plus les enfants des parents les plus aisés. Comme la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, qui a scolarisé ses trois enfants à l’établissement privé parisien Stanislas.