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Mediapart
Les grandes manœuvres des établissements privés catholiques pour contourner la réforme des collèges
#collegesprives #collegespublics #educationnationale #rectorats
Article mis en ligne le 5 mars 2024
dernière modification le 3 mars 2024

Les directeurs diocésains de l’enseignement catholique privé sous contrat ont tenté de négocier un assouplissement de la réforme des collèges, en particulier sur la question des groupes de niveau. Selon plusieurs d’entre eux, certaines académies auraient accepté l’arrangement, alors que les textes réglementaires n’ont pas encore été publiés. Mais le ministère de l’éducation assure qu’« il n’y a pas d’accord ».

(...) Ces tractations concernent l’une des mesures les plus problématiques de la réforme : la mise en place de groupes de niveau en 6e et en 5e pour l’ensemble des cours de mathématiques et de français.

Dès septembre 2024, toutes ces classes de collège devraient être disloquées et réorganisées, du moins pour ces deux matières, qui représentent un total de neuf heures d’enseignement par semaine. Un « choc des savoirs » imaginé par l’ancien ministre de l’éducation nationale Gabriel Attal, aujourd’hui chef du gouvernement, qui a fait l’unanimité contre lui depuis les annonces du mois de décembre, la plupart des syndicats craignant un tri social précoce. (...)

mercredi 28 février, Philippe Delorme, le secrétaire général de l’enseignement privé catholique (Sgec), a montré quelques signes d’agacement dans Le Monde. Il a notamment affirmé que, faute de budget supplémentaire, il n’appliquerait pas la réforme telle quelle et s’en tiendrait aux moyens dégagés via la suppression de la « 26e heure ». Soit l’équivalent de 370 postes pour l’enseignement privé catholique à l’échelle nationale, permettant selon lui la création de 1 480 groupes seulement.

C’est sur cette base que les directions diocésaines de l’enseignement catholique ont tenté d’influer directement auprès des rectorats, selon plusieurs témoignages recueillis par Mediapart. (...)

Selon Philippe Delorme, les négociations seraient en bon chemin, voire carrément actées dans la plupart des académies de France. (...)

seuls 9 des 30 rectorats auraient opposé une fin de non-recevoir aux représentants régionaux du Sgec (...)

« Le rectorat nous répond que l’organisation doit être exactement conforme à celle du public. Or d’après le contrat, on doit respecter les horaires et les programmes, mais pas forcément les modalités du dédoublement des classes en groupes, argumente le directeur diocésain de la région, actuellement en vacances scolaires. Aujourd’hui, c’est le blocage, mais on va reprendre ces éléments à la rentrée. Il faudra bien qu’on sorte de cette situation, on ne peut pas renoncer à tout. »

Plusieurs précédents à géométrie variable (...)

Mis à part ces quelques situations de blocage, la souplesse affichée çà et là est étonnante. Surtout comparée aux tensions et à la rigidité auxquelles sont soumis la plupart des établissements du public (...)

Quand un texte ne convient pas à une majorité de familles, le privé ne l’applique pas. Cette fois-ci, ils prennent le prétexte des moyens… Mais nous aussi, nous prenons sur nos marges d’autonomie ! En réalité, le privé sous contrat est soumis à l’application des textes. Il s’en dédouane, mais il ne devrait pas » (...)

Interrogé sur ces tractations, le ministère de l’éducation nationale dément. « Il n’y a pas d’accord, se défend l’entourage de la ministre, Nicole Belloubet. La réforme s’appliquera bien partout, sans exception dans le privé sous contrat, selon l’article L442-5 du code de l’éducation. » Également questionnés, plusieurs des différents rectorats cités par les directions diocésaines de l’enseignement catholique ont fini par nous adresser une réponse similaire (...)