
Dans « C à Vous », Christophe Robert a réagi au décès d’une femme à Carpentras retrouvée dans la rue sous sa couverture
La situation est « extrêmement tendue ». Le délégué général de la fondation Abbé Pierre, Christophe Robert, était ce mardi 9 janvier invité sur le plateau de C à Vous pour alerter sur le manque de places d’hébergement pour les sans-abris.
Il a d’abord réagi à la mort d’une femme retrouvée morte dans la rue sous sa couverture à Carpentras, dans le Vaucluse. La sexagénaire, suivie par une association précise l’AFP, « est probablement morte de froid, mais une autopsie doit être réalisée pour le confirmer », a indiqué une porte-parole de la direction départementale de la sécurité publique aux médias. Le département n’avait pas été placé en vigilance « grand froid ».
Ce n’est pas le seul drame lié à la météo glacée du moment. Un homme sans domicile fixe a été retrouvé mort dans une cave à Boulogne-Billancourt toujours ce mardi, rapporte Le Parisien. Âgé de 69 ans, avait élu domicile « avec l’accord du propriétaire » dans cette cave pour se protéger. Encore une fois, il a probablement été victime du froid. (...)
Non seulement il faut « faire le boulot » et en finir avec la « politique du thermomètre » en ouvrant des places seulement quand il fait très froid, mais il faut aussi prendre le problème à la racine. Car le plan grand froid, « ça ne suffit pas », insiste-t-il.
« Identifier les locaux libres »
« On connaît les mécanismes qui font qu’aujourd’hui il y a autant de personnes sans-abris dans notre pays », affirme Christophe Robert, citant les jeunes qui sortent de l’Aide sociale à l’enfance, ceux qui sortent de prison sans solution de logement ou le manque de logement social.
La fondation propose aussi au gouvernement de demander « aux préfets de mettre en place des cellules d’urgence » qui seraient pilotées par les préfets en lien avec les acteurs locaux. (...)
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– (Rue89 Strasbourg)
Santi, mère célibataire à la rue : “Je dois me battre pour mes enfants”
Depuis février 2023, Santi et sa famille n’ont pas de logement. En plus de devoir gérer son travail et ses enfants, elle doit se poser chaque jour la même question : où dormir ce soir. (...)
Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
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« Vous avez froid ? Alors imaginez pour nous », fulmine Santi, emmitouflée dans sa longue doudoune kaki. Les mains dans les poches ce lundi 8 janvier en fin d’après-midi, la mère attend devant l’école Ziegelau que sa fille sorte du cours de soutien scolaire. Voilà bientôt un an que Santi, sa mère, sa fille et son fils n’ont pas de logement.
7 ans de présence en France
Avant d’arriver à Strasbourg en 2017, Santi était vendeuse en Albanie. Puis elle a fui son pays. Pendant ses cinq premières années en France, elle a changé plusieurs fois de logement. (...)
Photo : Camille Balzinger / Rue89 Strasbourg
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« Vous avez froid ? Alors imaginez pour nous », fulmine Santi, emmitouflée dans sa longue doudoune kaki. Les mains dans les poches ce lundi 8 janvier en fin d’après-midi, la mère attend devant l’école Ziegelau que sa fille sorte du cours de soutien scolaire. Voilà bientôt un an que Santi, sa mère, sa fille et son fils n’ont pas de logement.
7 ans de présence en France
Avant d’arriver à Strasbourg en 2017, Santi était vendeuse en Albanie. Puis elle a fui son pays. Pendant ses cinq premières années en France, elle a changé plusieurs fois de logement. Grâce à ses appels au 115 (le numéro de l’association qui gère l’hébergement d’urgence), elle est logée six mois dans un hôtel, presque trois ans dans un appartement à Illkirch, puis un an à Neudorf. En 2022, le Service Intégrée d’Accueil et d’Orientation (SIAO) lui propose d’aller dans un centre d’hébergement d’urgence géré par Coallia, à Geispolsheim.
Avec ses enfants, Santi assiste à des scènes de violence dans cet hôtel reconverti en hébergement d’urgence. « Il y avait du sang, des bagarres, des personnes avec des couteaux. En plus, le centre était à 1h30 de l’école. On devait marcher 30 minutes avant de prendre bus et tram », se souvient la mère de famille, le regard marqué. En février 2023, elle apprend qu’elle va être transférée à Bouxwiller dans un centre d’aide pour le retour. « Je ne voulais pas retourner en Albanie, c’est trop dangereux pour moi ». La mère de famille prend alors la décision de quitter le centre et de se retrouver à la rue.
Une situation qu’elle pensait temporaire, mais qui s’éternise :
« Ça va faire un an. Tous les jours, j’appelle le 115 et à chaque fois on me dit la même chose : “il n’y a pas de place pour les familles”. »
« Le plus dur, c’est de gérer les enfants »
Accompagnée d’une avocate, Me Christine Mengus, elle fait un demande de titre de séjour. Douche froide le 14 février 2023 : sa demande est rejeté. Elle reçoit une OQTF, une obligation de quitter le territoire français sous 30 jours. Santi passe alors plusieurs journées et soirées dans la gare centrale.
“Il y avait beaucoup de gens alcoolisés, violents, ça faisait peur. Des associations comme Strasbourg Action Solidarité venaient faire des maraudes. En hiver, je restais à l’intérieur la journée et le soir, mais à minuit on devait partir. C’est encore plus difficile pour les femmes, surtout avec des enfants.”
Elle passe alors souvent le reste de la nuit chez des parents d’élèves, ou dans des chambres d’hôtel payées grâce à la solidarité citoyenne. Son fils et sa fille doivent se construire tout en vivant dans la rue (...)
Un titre de séjour et un CDD
L’avocate de la famille a contesté l’OQTF. En juillet 2023, le tribunal administratif de Strasbourg a ordonné à la préfecture d’annuler sa décision et de fournir un titre de séjour à Santi. Avec ses enfants, ils ont rapidement obtenu leurs papiers. “Maintenant, j’ai même la carte vitale !”, se réjouit-elle.
Le 20 novembre 2023, Santi a commencé une formation de deux semaines pour travailler en crèche. Désormais, de 8h à 17h chaque jour de la semaine, elle s’occupe du ménage et de faire manger les enfants de cette crèche. “J’adore mon travail”, sourit Santi. Employée en CDD, elle espère obtenir un CDI. (...)
Sans logement pérenne, le quotidien de Santi est fait d’incertitudes (...)