
Depuis quelques années, de nombreuses initiatives documentent la domination croissante (...)
Regroupons-les sous le terme de « numérique dominant ».
Cette hégémonie est-elle un problème ? Dans le monde francophone, la campagne Dégooglisons Internet, lancée par l’association Framasoft, expose les choses ainsi : « Les géants du web ont une telle puissance qu’ils exercent une domination technique, économique, culturelle et politique sur nos sociétés. Ces dominations posent de nombreux problèmes pour nos libertés : capitalisme de surveillance, dérives démocratiques, fermeture sur une seule vision de société, centralisation des données et des attentions ».
Longtemps considéré comme un simple outil technique, le numérique apparait enfin clairement comme ce qu’il a toujours été : un objet profondément politique, porteur de valeurs et d’une vision de la société. La question que pose cet article, c’est de savoir si le projet politique, donc les modèles économiques et les pratiques des géants du numérique sont compatibles avec les valeurs des organisations d’intérêt général.
Dans cet article et les suivants, je parlerai de numérique dominant pour désigner les outils et plateformes fournis par les géants du numérique. Et je parlerai de numérique alternatif, ou d’alternatives numériques, pour parler d’un autre numérique, moins visible, porté par d’autres valeurs, d’autres modèles de développement, et qui ne demande qu’à être mieux (re)connu. (...)
Cet article ne vise aucunement à culpabiliser les organisations d’intérêt général qui utilisent les produits et services des géants du numérique. La plupart d’entre elles font ce qu’elles peuvent, avec les compétences stratégiques et techniques, les budgets et l’énergie salariée et bénévole qu’elles ont à leur disposition. Par ailleurs, les choix numériques sont souvent relégués à des choix purement techniques et économiques.
C’est donc d’abord une prise de conscience qu’il faut accompagner au sein des organisations d’intérêt général, porteuses de valeurs fortes : les choix d’outils numériques sont devenus trop importants, trop stratégiques, trop porteurs de sens, trop… politiques, pour que l’on continue de les reléguer à leur seule dimension technique. Dit autrement, les choix d’outils numériques doivent devenir des choix politiques au sein des organisations d’intérêt général.
Cet article n’est pas non plus un appel au boycott total de toutes les plateformes numériques dominantes, pour migrer vers des alternatives plus acceptables, respectueuses, éthiques. Selon les missions de l’organisation, cela serait simplement impossible, voire pas stratégique, et donc pas souhaitable. (...)
Quelques articles à venir :
- Convaincre les décideur⋅se⋅s pour passer à l’action : des outils et méthodes pour parler de stratégie numérique dans votre organisation
- Collaborer dans son organisation : alternatives à Google Drive, Trello, Salesforce, etc.
- Communiquer en interne : alternatives à Slack, Zoom, Whatsapp, etc.
- Communiquer en externe : alternatives à Facebook, YouTube, Twitter, etc.
Articles et ressources en lien (...)