Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
Le « mensonge » de l’État pour freiner la sortie des pesticides
#ecophyto #pesticides #agriculture #santé
Article mis en ligne le 7 mai 2024
dernière modification le 6 mai 2024

Un indicateur contesté, des alternatives sans obligation de résultat... Le nouveau plan de réduction des pesticides du gouvernement vient « donner satisfaction » à la FNSEA, dénoncent des écologistes.

Un retour en arrière « de quinze ans ». C’est ainsi que l’association de lutte contre les pesticides Générations futures décrit le nouveau plan Écophyto du gouvernement. Dévoilé dans Le Parisien et sur France Info le 3 mai, le plan de réduction des pesticides du gouvernement doit officiellement être présenté le 6 mai. Baptisé Stratégie Écophyto 2030, il met en rage les défenseurs de l’environnement. (...)

pas de consultation, « on la découvre en même temps que vous », regrette le porte-parole de Générations futures, François Veillerette. L’association dénonce un plan qui vient avant tout « donner satisfaction » au syndicat agricole dominant, la FNSEA.

Un nouvel indicateur contesté

Le ministre de l’Agriculture défend une ambition intacte, avec toujours le même objectif de réduction, d’ici 2030, de 50 % de l’usage des pesticides par rapport à la moyenne des années 2011-2013. Un « mensonge » pour Générations futures, puisque la façon de mesurer ce résultat va changer. Le plan confirme que l’indicateur de référence sera désormais celui utilisé au niveau européen, le HRI1, et plus celui qui était utilisé depuis les débuts d’Écophyto il y a quinze ans, le Nodu (nombre de doses unité). Un choix qui correspond effectivement à une demande de la FNSEA et du lobby des pesticides Phyteis. (...)

Alors que le plan Écophyto n’a jamais réussi à atteindre ses objectifs, le changement d’indicateur va permettre d’afficher des résultats beaucoup plus encourageants. Générations futures a ainsi calculé que le HRI1 mesure une baisse de l’usage des pesticides de 32 % entre 2011 et 2021. Alors que le Nodu constate sur la même période une hausse de 3 %… (...)

Pour cela, huit « task force filière » ont été mises en place (grandes cultures, fruits et légumes, vigne, horticulture, semence, etc.). Elles vont bénéficier de 146 millions d’euros par an, pour la recherche d’alternatives à ces pesticides bientôt interdits, et de 50 millions d’euros pour l’achat de nouveau matériel agricole.

« Mettre de l’argent pour développer des alternatives, c’est nécessaire mais pas suffisant, observe François Veillerette auprès de Reporterre. On l’a vu avec les betteraves. On a trouvé des alternatives aux néonicotinoïdes. Mais il a été répondu que cela coûte trop cher, que le rendement est moins bon. Forcément, on ne peut trouver quelque chose d’aussi efficace, puisque les néonicotinoïdes, ça tue tout ! Donc il faut aussi une obligation de résultat. »

« Pas d’interdiction sans solution »

L’autre hic est que ces « task force filière » ne seront pilotées, selon la nouvelle version d’Écophyto, que par le ministère de l’Agriculture. Exit les autres ministères concernés, comme ceux de la Recherche, de l’Environnement ou de la Santé, qui avaient leur place dans la version antérieure d’Écophyto 2030. (...)

De l’argent pour les alternatives

Le ministre de l’Agriculture dit également inaugurer une nouvelle méthode. La priorité du ministère est maintenant d’anticiper les interdictions. (...)

Pour cela, huit « task force filière » ont été mises en place (grandes cultures, fruits et légumes, vigne, horticulture, semence, etc.). Elles vont bénéficier de 146 millions d’euros par an, pour la recherche d’alternatives à ces pesticides bientôt interdits, et de 50 millions d’euros pour l’achat de nouveau matériel agricole.

« Mettre de l’argent pour développer des alternatives, c’est nécessaire mais pas suffisant, observe François Veillerette auprès de Reporterre. On l’a vu avec les betteraves. On a trouvé des alternatives aux néonicotinoïdes. Mais il a été répondu que cela coûte trop cher, que le rendement est moins bon. Forcément, on ne peut trouver quelque chose d’aussi efficace, puisque les néonicotinoïdes, ça tue tout ! Donc il faut aussi une obligation de résultat. »

« Pas d’interdiction sans solution »

L’autre hic est que ces « task force filière » ne seront pilotées, selon la nouvelle version d’Écophyto, que par le ministère de l’Agriculture. Exit les autres ministères concernés, comme ceux de la Recherche, de l’Environnement ou de la Santé, qui avaient leur place dans la version antérieure d’Écophyto 2030. (...)

Pas de transparence sur l’usage des pesticides

Le nouveau plan confirme également que le « conseil stratégique » délivré aux agriculteurs pour les aider à faire évoluer leurs pratiques et utiliser moins de pesticides est suspendu. Une nouvelle mouture est attendue pour 2025. Sa suppression avait été demandée par la FNSEA et confirmée par Gabriel Attal début mars. « Refuser ce type de conseils, c’est comme refuser la formation continue quand on est médecin », commente François Veillerette. (...)

L’écologiste dénonce également un recul sur la centralisation des données concernant l’usage des pesticides. Chaque agriculteur doit tenir un registre d’épandage des pesticides. « L’idée d’Élisabeth Borne était de centraliser ces données via une interface simple pour les agriculteurs, et de les mettre à disposition des chercheurs et du public », se rappelle François Veillerette. Il n’en est plus question désormais.

Enfin, le plan représentera peut-être, après « étude de faisabilité », une avancée pour les riverains ou autres personnes exposés de manière « répétée et prolongée » aux pesticides. Il prévoit « la possibilité de mettre en œuvre et de financer un dispositif d’indemnisation » pour ceux qui développeraient une maladie liée aux pesticides.

Pas assez pour compenser le reste. (...)