
Depuis plus d’un an, Yves Nicolin réclame la somme de 1 070 euros à une militante ayant collé trois messages dénonçant les violences sexistes et sexuelles, malgré l’avis du parquet. Il vise désormais également une association féministe dont elle est adhérente.
(...) Malgré un refus du procureur de la République de poursuivre de tels faits, cela fait maintenant presque une année que l’édile poursuit de sa vindicte des féministes roannaises ayant affiché des collages dénonçant les violences sexistes et sexuelles. (...)
« Si vous en touchez une nous répondrons toutes » ; « Céder n’est pas consentir » ; « Mon corps n’est pas responsable de ta violence », voici les trois messages qui valent à Michèle, retraitée âgée de 65 ans et seule militante ayant été identifiée par la mairie, de se voir exiger par le Trésor public la somme de 1 070 euros. (...)
L’association Féministes en Roannais, créée en octobre 2023, soit après les faits, et à laquelle Michèle a adhéré, s’est quant à elle vu refuser le prêt d’une salle municipale, à moins qu’elle ne s’acquitte de sa « dette ».
Une « sanction collective », dénonce l’association, qu’Yves Nicolin assume pleinement. (...)
Michèle n’est pas la seule à souffrir de l’opiniâtreté de la mairie. Au mois d’octobre 2023, avec d’autres militantes, elle a participé à la création de l’association Féministes en Roannais. Très vite, l’association parvient à rassembler à ses réunions entre 25 et 30 personnes et a besoin d’un local.
Or la municipalité dispose de plusieurs salles qu’elle met habituellement gratuitement à disposition des associations qui en font la demande. Celle des Féministes en Roannais est pourtant rejetée par un courrier de la mairie du 2 janvier au motif qu’elle est redevable d’« une facture de 1 070 euros concernant l’intervention des services municipaux afin de nettoyer des lieux de collage d’affiches que [l’association a] apposées en dehors des panneaux prévus à cet effet [qui] n’a toujours pas été réglée par [ses] soins ». (...)
« L’association Féministes en Roannais a été déclarée en sous-préfecture le 30 octobre 2023. Elle n’était pas créée au moment des faits incriminés », souligne l’association dans une lettre envoyée à la mairie et à la presse le 22 janvier. Le courrier accuse par ailleurs directement le maire, Yves Nicolin, d’être à l’origine de cette décision. « C’est donc vous qui sanctionnez l’association Féministes en Roannais de manière arbitraire en dehors des décisions de justice », écrivent-elles.
Interrogé par Le Pays, l’édile a sans difficulté endossé le refus. (...)
L’association a depuis trouvé un autre local, prêté par le centre social d’une autre ville. (...)
Désormais, l’association envisage tous les recours à sa disposition, que ce soit devant la justice administrative pour discrimination ou devant le Défenseur des droits, l’autorité administrative indépendante chargée de défendre les droits des citoyen·nes face aux administrations. (...)
« M. Nicolin n’aime pas les féministes », tranche de son côté Michèle. « Les panneaux de la ville ont été mis à l’envers par les agriculteurs. Je ne pense pas que la mairie va demander à la FNSEA de payer la facture », pointe-t-elle comme preuve de l’arbitraire de la procédure la visant.
« Je pense qu’il m’en veut à moi plus particulièrement parce que je fais partie de beaucoup d’associations », suppute la retraitée qui milite également, entre autres, pour les droits des migrant·es. (...)