
Alors que le premier ministre persiste à dire qu’il ignorait les accusations de violences physiques et sexuelles qui pesaient à la fin des années 1990 sur Notre-Dame-de-Bétharram, un témoin central vient plomber sa défense. Le juge d’instruction de l’époque confirme à Mediapart avoir rencontré l’élu et lui avoir tout dit des viols mis au jour par son enquête.
En l’espace de vingt-quatre heures, le premier ministre a juré deux fois devant la représentation nationale qu’il ne savait rien des accusations qui pesaient sur Notre-Dame-de-Bétharram. Ni hier, ni aujourd’hui. « J’affirme que je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais » (...)
d’un établissement catholique privé sous contrat visé par au moins 112 plaintes pour des violences physiques et pédocriminelles sur des dizaines et des dizaines d’enfants pendant près de soixante ans.
Lors de ses deux prises de parole, François Bayrou a balayé les témoignages et les documents révélés par Mediapart, mais a aussi passé sous silence une rencontre : celle qu’il a eue en 1998 avec le juge qui enquêtait sur le père Carricart, le directeur de l’institution, accusé d’avoir violé deux élèves.
Interrogé par Mediapart ce mercredi, Christian Mirande, juge d’instruction au tribunal de Pau, est l’un des rares à avoir cru des victimes à l’époque, et ose même employer le terme. Ce magistrat, aujourd’hui à la retraite, ne comprend pas les dénégations du premier ministre et maintient avec force avoir informé François Bayrou à l’occasion d’une rencontre que l’élu centriste avait lui-même sollicitée. Il est catégorique : le premier ministre ne découvre rien des graves « soupçons » et « affirmations » qui pesaient, à l’époque déjà, sur ce pensionnat situé à 30 km de Pau.
La presse locale et nationale avait largement documenté ce scandale sexuel entre 1998 et 2000, que François Bayrou ne pouvait donc ignorer. Il était même venu voir le juge de manière totalement informelle, au cours d’une enquête pourtant couverte par le secret. (...)
sujet dont François Bayrou aurait alors pu s’emparer politiquement pour faire changer les choses –, mais comme un « parent d’élève » inquiet car « son fils était élève dans cet établissement ». (...)
Le juge Christian Mirande : « J’avais placé le père Carricart en détention après une plainte pour viol sur mineurs. Il avait été libéré et s’est suicidé alors que je venais de le convoquer après une deuxième plainte pour viol. » (...)