Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Entre les lignes Entre les mots
Le féminisme construit des ponts pour l’intégration des peuples
#feminisme #femmes #ameriquelatine
Article mis en ligne le 24 février 2024
dernière modification le 22 février 2024

Alejandra Angriman parle du rôle du féminisme dans les processus d’intégration régionale des peuples des Amériques

Les féminismes latino-américains ont une vertu : ils ont créé une identité politique capable de placer dans le scénario régional la remise en question radicale des systèmes de connaissance et d’organisation de la société. Surtout depuis les années 1990, la construction de la citoyenneté et la nécessité d’approfondir la démocratie dans les pays de notre région ont commencé à être à l’ordre du jour, et la relation entre les mouvements et les États, ainsi que le développement de stratégies pour influencer ces processus démocratiques, ont commencé à être au centre du débat. Le féminisme populaire développé sur notre continent a contribué de manière fondamentale à exposer ces tensions.

Aujourd’hui, en ce qui concerne l’agenda, une question centrale se pose :

quelle place faut-il accorder aux efforts d’institutionnalisation de la politique des droits dans des contextes d’aggravation de l’exclusion et des inégalités sociales ?

L’objectif de la construction démocratique devrait être la création d’une vie digne d’être vécue. La lutte pour les droits des femmes nécessite le développement d’une vision stratégique de l’avenir, dans laquelle les agendas féministes ne sont pas seulement basés sur la défense discursive et la revendication de leur propre espace, mais sur l’articulation des revendications démocratiques de la société. Que des espaces de contestation et d’alternatives soient garantis en termes de réflexion, mais aussi — comme le disait Nalu Faria — en termes d’action. (...) (...)

La pensée décoloniale approfondit notre féminisme, nos perspectives sur les conflits Nord-Sud, la dimension mondiale et les liens locaux, pour dénoncer la colonialité qui persiste dans nos territoires et nos corps. Il nous permet d’analyser des questions allant de la géopolitique à la dépendance économique et culturelle et à l’injustice sociale dans la région. Cela nous permet également de chercher des réponses à travers la résistance, qui est liée à la tentative de décolonisation du savoir et du pouvoir. Ce féminisme décolonial qui a émergé dans les années 1980 comme une révision critique des féminismes hégémoniques doit être récupéré.

Le féminisme hégémonique continue d’être présent dans notre région et établit une vision unique et universelle, basée sur les préoccupations des femmes blanches, occidentales, européennes ou nord-américaines. Il est important de revenir sur les féminismes noirs, qui ont été les premiers à se positionner par rapport à ces féminismes occidentaux. Nous devons revenir à la tradition de la pensée critique latino-américaine, y compris la critique de la cooptation internationale du féminisme. (...)

À partir du féminisme, nous pouvons créer des vases communicants pour analyser et réfléchir à des stratégies régionales difficiles et articulées avec la mobilisation sociale actuelle. Le féminisme construit des ponts et comble les lacunes.