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Mediapart
Le « calvaire homophobe » d’un policier de Seine-et-Marne sur son lieu de travail
#homophobie #police #harcèlement
Article mis en ligne le 24 juin 2024
dernière modification le 22 juin 2024

Un technicien de la police scientifique dénonce le harcèlement homophobe qu’il a subi dans son commissariat de Lagny-sur-Marne. Son chef de service est pointé du doigt pour avoir géré les alertes tardivement. Une enquête administrative est ouverte.

lIl s’est fait connaître, bien malgré lui, pour avoir été avec son conjoint l’un des premiers homosexuels mariés d’Île-de-France, malgré le refus initial du maire de sa commune, opposé au mariage pour tous. Jérémy (prénom d’emprunt) pensait en avoir terminé avec un tel climat de défiance. Plus de dix ans après, ce technicien de la police scientifique en Seine-et-Marne dénonce les propos à caractère homophobe qu’il dit subir dans son commissariat.

Jérémy a été auditionné sur le sujet le 23 mai par le chef du commissariat de Lagny-sur-Marne. À la suite de cette audition, la direction interdépartementale de la police nationale (DIPN) de Seine-et-Marne a saisi la cellule déontologie. L’enquête administrative est en cours, selon le service communication de la police. (...)

Celui qui accompagne Jérémy dans ses démarches s’appelle Fabien Bilheran, coauteur du livre Police. La loi de l’omerta. L’ex-officier de police judiciaire en région parisienne dépanne parfois les responsables syndicaux de son ancienne maison sur certains dossiers brûlants. Interpellé par un responsable syndical national pour intervenir auprès d’un collègue en grande souffrance, il découvre le « calvaire homophobe » que subit Jérémy.

À entendre l’histoire de ce fonctionnaire, il ne fait pas bon être homosexuel dans la police, malgré la communication de Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur, qui a affiché à l’occasion de l’assemblée générale de l’association Flag sa « détermination » à lutter contre les LGBTphobies. (...)

Un commissaire qui tarde à signaler les faits (...)

quand Jérémy retourne au travail après plusieurs arrêts maladie, il découvre avec effarement que ses collègues sont au courant des reproches formulés à l’occasion de son audition avec le commissaire, ce qui aurait provoqué, selon son récit, une nouvelle cascade de mises en cause et un nouvel arrêt. Un médecin demande alors à ce qu’il soit éloigné de son commissariat. Le policier est aujourd’hui en attente de mutation.
Des précédents dans le Val-de-Marne

Avant la Seine-et-Marne, Jérémy a fait une partie de sa carrière dans le Val-de-Marne, où il indique avoir également donc subi des propos à caractère homophobe, voire des injures dans deux commissariats, à Boissy-Saint-Léger et à Champigny-sur-Marne, du 1er septembre 2018 au 8 juin 2020.

Il dépose alors neuf signalements sur la base de l’article 40 du Code de procédure pénale à l’attention du parquet de Créteil et de Paris, selon des documents que Mediapart a pu consulter. Il a d’ailleurs été auditionné les 8 et 15 juin 2020 par le service de déontologie de synthèse et d’évaluation (SDSE) de la préfecture de police de Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Créteil.

Jérémy y évoquera également, comme l’atteste un procès-verbal, ses blocages de mutations auprès du SDSE le 15 juin 2020, en faisant référence à un responsable des ressources humaines de la préfecture de police de Paris. Ce dernier lui aurait posé, lors d’un entretien, des questions sur sa vie intime, et au moment de lui remettre son dossier administratif, aurait dit : « Il va falloir être gentil maintenant Jérémy », en montrant son entrejambe. Jérémy n’aura, ce jour-là, jamais accès à son dossier. (...)

Malgré ses demandes, Jérémy n’a pour le moment jamais été reçu par le patron des policiers de la Seine-et-Marne, et attend toujours d’être reçu dans le cadre de l’enquête lancée par la cellule déontologie de la direction interdépartementale de la police nationale.