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La Suisse continue les renvois en Croatie, malgré les alertes sur les refoulements violents
#Suisse #Croatie #migrants #immigration #pushbadks #UE
Article mis en ligne le 10 mars 2025
dernière modification le 7 mars 2025

Interpellé par une coalition d’ONG, le gouvernement suisse maintient sa politique de renvois des demandeurs d’asile dublinés vers la Croatie. Les ONG demandaient la fin de ces transferts en raison des alertes sur des "pushbacks" violents et sur le manque d’infrastructures médicales.

Le 20 février, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), qui compte une dizaine de membres dont Amnesty International et Caritas, avait recommandé de renoncer aux transferts Dublin vers la Croatie, en particulier pour les "personnes vulnérables ayant besoin de soins médicaux réguliers" et celles ayant été "victimes de violences policières en Croatie".

Elle pointe en effet une infrastructure médicale "insuffisante", et accuse la police croate d’actes de violence vis-à-vis des personnes migrantes notamment lors des "pushbacks". Lors d’une mission effectuée en octobre 2024, l’OSAR a constaté les "faiblesses du système de l’asile croate" sur plusieurs plans : lenteur du traitement des demandes, saturation des structures de soins physiques et psychiques, manque d’accès à des interprètes...

"Un arrêt des transferts vers la Croatie n’est pas indiqué à l’heure actuelle", a répondu le Secrétariat d’Etat suisse aux migrations (SEM) en début de semaine, rappelant qu’il "évalue au cas par cas si le retour vers la Croatie est admissible et raisonnablement exigible", rapporte 20 Minutes. (...)

Le gouvernement opère une montée en puissance de ces renvois depuis deux ans, avec un tournant en 2023. Cette année-là en effet, 206 requérants d’asile ont été renvoyés vers la Croatie en 2023. Dix fois plus que les années précédentes, enregistrait alors la RTS.

Au niveau européen, la Croatie est devenu le second pays le plus sollicité pour des transferts Dublin, derrière l’Italie, selon les données Eurostat. (...)

"Ils nous ont mis dans un van et nous ont renvoyés vers la frontière bosnienne"

Malgré les dénégations du gouvernement croate, InfoMigrants a recueilli ces dernières années plusieurs témoignages de "pushbacks", ces refoulements à chaud pourtant illégaux. Pierre*, un exilé congolais, avait par exemple raconté à InfoMigrants avoir été refoulé à quatre reprises par la police croate en 2022. "La police est venue à notre rencontre. Ils nous ont fouillés, en pleine milieu de la route", témoigne-t-il.

"Ils ont commencé par les femmes. C’était très gênant car elles avaient le torse nu devant nous, et la policière a mis la main à l’intérieur de leurs culottes pour vérifier qu’elles ne cachaient rien. Après, c’était au tour des hommes. Les policiers nous ont confisqués nos téléphones et ont pris notre argent. Puis, ils nous ont mis dans un van et nous ont renvoyés vers la frontière bosnienne."