
La restauration des forêts de la planète par le biais d’actions communautaires pourrait permettre de capturer jusqu’à 226 gigatonnes de carbone à l’échelle mondiale, soit l’équivalent d’un tiers de ce que l’Homme a rejeté depuis le début de l’ère industrielle, d’après une récente étude.
Ces recherches, menées par des centaines de scientifiques du monde entier sous la direction du Crowther Lab, une équipe interdisciplinaire de chercheurs étudiant les écosystèmes mondiaux afin de comprendre les relations entre biodiversité et changement climatique, montrent que des forêts diversifiées et restaurées pourraient avoir un énorme potentiel de capture du carbone, même si l’on considère uniquement les zones où l’activité humaine est moindre.
Partout dans le monde, les forêts sont dans un piètre état, la déforestation constante réduisant leur capacité à capturer le dioxyde de carbone, principal responsable du réchauffement de la planète.
« Les forêts constituent un puits de carbone terrestre important, mais les changements anthropiques de l’utilisation des terres et du climat ont considérablement réduit » les capacités de ces systèmes, d’après l’étude.
Mettre fin à la déforestation doit être une priorité absolue pour restaurer la biodiversité mondiale, estime Lidong Mo, l’un des principaux auteurs de l’étude.
« La plupart des forêts du monde ont fortement été dégradées. En fait, de nombreuses personnes n’ont jamais mis les pieds dans l’une des rares forêts primaires qui subsistent sur Terre », a-t-il déclaré.
Actuellement, les efforts de restauration sont entravés par le fait que des terres anciennement boisées sont occupées par l’agriculture ou l’urbanisation, ce qui peut créer un conflit d’intérêts dans l’utilisation des terres.
L’étude s’est donc concentrée sur les zones où l’activité humaine est faible, et le potentiel de capture du carbone des forêts a été mesuré en utilisant des outils terrestres et des satellites en dehors des terres agricoles et urbaines.
L’étude a révélé qu’environ 61 % de ce potentiel de capture du carbone par les forêts peut être réalisé en protégeant les forêts existantes et en leur permettant d’atteindre leur maturité. Les 39 % restants peuvent être obtenus en reconnectant les paysages fragmentés grâce à une restauration et une gestion menées au niveau des communautés locales. (...)
Suite à l’adoption de la loi sur la restauration de la nature, l’UE se rendra à la conférence internationale sur le climat COP28 munie d’un « élément important pour atténuer la crise climatique et s’adapter au changement climatique », a déclaré Jutta Paulus, eurodéputée écologiste allemande qui a été la principale négociatrice du Parlement sur ce dossier.
La stratégie de l’UE en matière de biodiversité prévoit également de planter trois milliards d’arbres en Europe d’ici 2030, afin d’atténuer le changement climatique, de stocker le carbone et de s’adapter au réchauffement de la planète. (...)
Les communautés au cœur de la restauration
Les chercheurs soulignent que les communautés doivent être au cœur des efforts de restauration et qu’il faut impliquer les organisations locales et les peuples autochtones.
« Ce n’est que lorsqu’une biodiversité saine sera le choix numéro un des communautés locales que la capture du carbone à long terme apparaîtra comme un produit dérivé », a déclaré Thomas Crowther, auteur principal de l’article et professeur à l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ).
La restauration doit également s’adapter à l’environnement naturel, ce qui implique de ne planter des arbres que dans des zones où ils pousseraient naturellement et non dans d’autres écosystèmes, comme les tourbières par exemple.
« La restauration globale ne concerne pas seulement les arbres », a souligné Constantin Zohner, chercheur principal à l’ETHZ. « Nous devons protéger la biodiversité naturelle dans tous les écosystèmes, y compris les prairies, les tourbières et les zones humides, qui sont tout aussi essentielles à la vie sur Terre. » (...)