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Libération
La police nationale fait face à une hausse de la corruption de « basse intensité » dans ses rangs
#police #corruption
Article mis en ligne le 6 mars 2024
dernière modification le 5 mars 2024

L’IGPN observe une « augmentation » des affaires de corruption touchant les agents en bout de chaîne. Des policiers gagnent notamment de l’argent en vendant à des tiers la consultation de fichiers confidentiels.

Des fichiers de police vendus 50 euros sur Telegram qui mettent à mal de longues enquêtes. Jusqu’à son interpellation, Sephora O., 31 ans, était policière adjointe depuis cinq ans dans un commissariat d’Ermont (Val-d’Oise). Son procès débute ce lundi 4 mars à Paris, aux côtés de sept autres personnes à qui l’on reproche d’avoir participé à un vaste trafic de faux permis, montres de luxe contrefaites ou fiches de police via une chaîne Telegram appelée « la Genèverie ».

Lors de l’enquête, l’agente a reconnu avoir consulté de nombreux fichiers : avis de recherche, immatriculations de véhicules ou soldes de points sur des permis de conduire. Dépensière compulsive, elle dit avoir touché 50 euros par consultation et perçu plus de 12 000 euros en espèces en six mois, pour rembourser ses dettes. (...)

Les cas de ce genre sont en hausse dans les rangs de la police (...)

Pour l’expliquer, policiers et magistrats pointent une « démocratisation » de la consultation des fichiers, accessibles à un plus grand nombre de fonctionnaires, et la numérisation des procédures. (...)

Certains agents sont même recrutés sur des messageries chiffrées qu’ils sont censés surveiller (...)

Les profils des fonctionnaires mis en cause sont variés, mais ils sont tous animés par « l’appât du gain », selon une source à l’IGPN. Les policiers adjoints, ces contractuels formés en quatre mois, recrutés sans condition de diplômes et payés 1 500 euros net par mois constituent un « point de vulnérabilité » particulier, note ainsi un cadre de la police. (...)

Les corrupteurs ciblent également certains services spécialisés. L’Office antistupéfiants (Ofast) apparaît comme particulièrement « vulnérable » (...)

Outre les policiers, les dockers, employés de société de transport, douaniers et agents pénitentiaires font partie des métiers ciblés par les corrupteurs, détaille l’Ofast dans un récent rapport confidentiel, consulté par l’AFP. Ces professionnels corrompus n’ont « pas toujours conscience de participer pleinement à une activité criminelle d’ampleur », souligne l’Ofast. Leurs « attributions semblent anodines » mais ils peuvent accéder « à des lieux ou à des données primordiales » pour les trafiquants. (...)

Face à ce phénomène, il faut « permettre à l’IGPN de faire des enquêtes d’initiatives », avance auprès de l’AFP un commissaire de la police judiciaire.

Un autre magistrat spécialisé appelle à plus de mobilité dans les rangs policiers. (...)