
Fatima est réfugiée. Début novembre, sa fille est morte intoxiquée par un chauffage de fortune. Depuis neuf mois, ses ressources financières ont été coupées à cause du non renouvellement de ses papiers par la préfecture du Nord.
Assise au bord du lit, Fatima retient difficilement ses larmes : « Il faut que je sois forte pour mes deux garçons, je n’ai pas le choix ». Les yeux fixés sur son téléphone, l’ivoirienne de 26 ans fait défiler les photos de Fanta, sa fille de trois mois qu’elle a retrouvée inerte dans le lit de son appartement d’Armentières (59) le 4 novembre au matin. « Je me suis réveillée à 5h, étonnée de ne pas entendre pleurer Fanta comme elle le faisait d’habitude quand elle avait faim. Quand je l’ai prise dans mes bras, elle ne respirait plus », raconte-t-elle, la voix tremblotante. Arrivés sur place, les secours font évacuer immédiatement l’appartement et tentent de réanimer le nourrisson, mais il est trop tard. Toute la famille a été intoxiquée au monoxyde de carbone et est emmenée en urgence à l’hôpital. La veille du drame, Fatima et son conjoint avaient installé un brasero qu’ils ont allumé avec du charbon pour chauffer l’appartement. (...)