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Maud et Yannis Youlountas avec le collectif filmique et plusieurs intervenants du film Nous n’avons pas peur des ruines/infos par mail 29 janvier
La Grèce en ébullition et autres infos
#Grece #manifestations #solidarites #film
Article mis en ligne le 30 janvier 2025

Ce dimanche à Athènes, de nombreux manifestants ont été arrêtés et blessés. Parmi eux, notre camarade et ami Marios Lolos (photographe des convois solidaires et auteur de l’affiche de L’Amour et la Révolution) a été intentionnellement blessé à la tête par la police grecque. Plusieurs de nos compagnons de lutte ont été arrêtés et roués de coups (aux Propylées, près d’Exarcheia et devant le parlement, en haut de la place Syntagma). Les valets du pouvoir ont fait preuve d’une peur panique face à l’arrivée d’une foule massive. Pendant ce temps, les médias occidentaux n’ont répété comme des perroquets que les chiffres ridicules et mensongers de la police grecque : 40.000 manifestants à Athènes et 80.000 dans toute la Grèce, alors que le nombre réel était autour de 250.000 à Athènes et plus de 500.000 dans toute la Grèce, soit 1/20e de la population du pays. Sur ordre, plusieurs centaines de policiers ont d’abord tenté d’éloigner les journalistes indépendants qui témoignent en images de ces événements, de la violence de la répression et, parfois, des scènes de torture au coin des rues. Comme d’autres vidéastes et photoreporters connus pour être proches du mouvement social, Marios était l’un des plus gênants, une fois de plus, avec son appareil photo et sa persévérance. Il a délibérément été visé à la tête par une grenade de désencerclement qui, heureusement, n’a explosé qu’après le rebond et pas contre sa tête. Sinon Marios serait mort.

Depuis quelques mois, on ne compte plus les violences policières à Athènes et dans le reste de la Grèce. Mais la tension est encore montée d’un cran ce dimanche 26 janvier, alors que les manifestants deviennent toujours plus nombreux contre l’arbitraire, en particulier contre une justice bourgeoise douce avec riches et dure avec les pauvres, et contre le niveau colossal de corruption dans tous les rouages du pouvoir. L’exemple le plus choquant est l’absence de poursuites contre les responsables de la privatisation puis du saccage du rail qui ont directement conduit à la mort de plusieurs dizaines de voyageurs, dont beaucoup de jeunes, dans un accident de train, il y a bientôt deux ans dans la vallée du Tempé (Tempi en grec), entre Larissa et le mont Olympe. Une vallée qu’on surnomme aussi Lykostomo (« la gueule du loup ») depuis l’ère byzantine.

Depuis la privatisation, les trains sont très peu entretenus, sur des rails en très mauvais état et surtout sans système de sécurité moderne du fait de l’obsession du profit. Il y a bientôt deux ans, l’un de ces trains de voyageurs en perdition a percuté une cargaison de produits chimiques et explosifs qui se trouvait sur la même voie depuis 19 minutes sans que personne ne s’en rende compte. La révolte est d’autant plus grande qu’un enregistrement sonore a récemment été rendu public par la mère d’une des victimes. On y entend sa fille témoigner de la situation, puis suffoquer, avant de conclure en agonisant : « je n’ai pas d’oxygène. »

Ces derniers jours, cette phrase est devenu le nouveau slogan du mouvement social qui résume l’étouffement de la société toute entière, à tous les niveaux : « Den echo oxygono » (je n’ai pas d’oxygène). Ce slogan est maintenant repris dans toutes les régions de la Grèce, y compris dans des tout petits villages révoltés, eux aussi, et pas seulement dans des grandes villes réputées pour l’intensité de leurs manifestations et de leurs émeutes. Nous n’avons plus d’oxygène dans ce système économique étouffant qui creuse les inégalités. Nous n’avons plus d’oxygène dans une société toujours plus autoritaire et répressive. Nous n’avons plus d’oxygène dans un monde qui s’autodétruit chaque jour en saccageant la terre et la mer qui agonisent, elles aussi.

LA PEUR CHANGE DE CAMP

À Athènes plus qu’ailleurs, sur ordre des responsables politiques effrayés, la police a fait usage de beaucoup de violence pour tenter de disperser la manifestation gigantesque qui a envahi tout le centre-ville, provoquant une importante indignation. Les arrestations en masse ont également beaucoup choqué, ainsi que de nouveaux cas de torture aux coins de plusieurs rues. La colère ne cesse de monter contre l’autoritarisme du pouvoir et de sa police. De plus, jeter massivement du gaz lacrymogène sur une manifestation qui scande « Je n’ai plus d’oxygène, j’étouffe », c’est jeter de l’huile sur le feu, surtout quand, parmi les nombreuses personnes gazées se trouvent des dizaines d’enfants dans des poussettes et plusieurs familles des victimes.

Après avoir essayé d’enterrer l’affaire et d’empêcher les poursuites contre les hauts-responsables, le gouvernement grec panique maintenant de plus en plus face au mécontentement généralisé de la population. Sa volonté de nous empêcher de filmer ou photographier certaines choses est symptomatique de l’évolution du régime, à l’instar de ce qui s’est passé pour Marios et pour beaucoup d’autres journalistes indépendants avant lui (par exemple, plusieurs des créateurs du film Nous n’avons pas peur des ruines se sont retrouvés à l’hôpital, blessés suite à des charges latérales avec l’objectif de provoquer des mauvaises chutes, alors que nous étions en train de filmer sans comprendre ce qui nous arrivait, comme le confirment des dizaines de témoins). La pseudo liberté de la presse continue de fondre comme neige au soleil, mais nous ne baissons pas les bras, bien au contraire, avec toujours plus de soutien dans une population qui semble se réveiller d’un sommeil forcé, chaque jour plus nombreuse à prendre conscience de la situation globale et à protester.

En Grèce comme ailleurs, beaucoup de monde comprend de mieux en mieux que ce système politique est à bout de souffle, qu’il n’est pas réellement démocratique mais profondément autoritaire et qu’il est capable de bien pire dès qu’il se sent en danger. Bien sûr, ni en Grèce ni en France, nous ne sommes encore au degré le plus violent, celui d’une dictature qui élimine physiquement ses opposants. Mais la montée du fascisme est bien là, visible, palpable, mystificatrice et décidée à frapper toujours plus fort. Ce système économique et politique ne cesse de creuser les inégalités, partout dans le monde, et de nous conduire dans l’impasse. Il n’arrive plus à bercer d’illusions la masse des exploités et a donc décidé d’utiliser massivement son joker, une fois de plus : en montrant du doigt des boucs-émissaires parmi les plus précaires et en lâchant ses partisans les plus enragés contre toutes celles et ceux qui menacent ses intérêts.

L’enjeu actuel est donc, plus que jamais, la prise de conscience de ce qui se déroule sous nos yeux : un durcissement du capitalisme et de la société autoritaire qui franchit de nouveaux paliers, d’année en année ; le conditionnement de ses forces répressives, principales et auxiliaires ; la transformation du sourire carnassier des puissants en une grimace inquiète et jusqu’au boutiste.

Le masque est en train de tomber. Et sous ce masque, il n’y a jamais eu autre chose que le mépris et le plaisir de dominer. Derrière les oripeaux de la société de consommation et du bourrage de crâne télévisé sous le contrôle des milliardaires, il y a, en réalité, un refus absolu de nous laisser prendre nos vies en mains. Derrière les discours polis et démagogues, il y a le visage de la mort. Sous le masque de nos principaux dirigeants, il y a le fascisme. Voilà pourquoi nous manquons d’oxygène dans cette société absurde et mortifère. Voilà pourquoi nous sommes de plus à plus nombreux à vouloir sortir de la préhistoire politique de l’humanité.
Prochain convoi solidaire (suivi de quelques photos)
CONVOI SOLIDAIRE VERS LA GRÈCE 2025

Les principaux lieux et collectifs déjà aidés sont là :
http://paspeurdesruines.net/spip.php?rubrique12

(...)

PROPAGER LE FILM ET SES IDÉES AU-DELÀ DES FRONTIÈRES

Donnez les moyens au film Nous n’avons pas peur des ruines d’être présenté hors de France et de Grèce :

https://www.gofundme.com/f/donnez-les-moyens-au-film-detre-presente-ailleurs-en-europe

Texte de l’appel :

« Les traductions du film se terminent ou sont déjà terminés dans une douzaine de langues (un immense merci aux équipes de traductions). D’autres suivront. Les demandes de projection du film en présence du réalisateur, hors de France et de Grèce, se multiplient par dizaines pour les semaines et les mois à venir. Nous en recevons encore plus que pour les trois films précédents, avec presque toujours la demande que le film soit accompagné par un intervenant grec et/ou par le réalisateur Yannis Youlountas.

Cependant, ces déplacements sont couteux, beaucoup plus qu’à l’intérieur de la France et de la Grèce, et la plupart des lieux qui nous sollicitent ont des moyens limités : centres sociaux autogérés, cinémas associatifs, squats, lieux de lutte, zones à défendre, centres culturels autogérés, collectifs solidaires… Beaucoup ont prévu de participer aux frais de déplacement, bien sûr, mais très peu sont ceux qui peuvent rassembler le montant nécessaire à chaque fois.

Même les voyages en train coutent très cher en Europe. Par exemple, les 4 déplacements en train : de Macon à Amsterdam, puis Amsterdam à Marburg, puis Marburg à Louvain, puis Louvain à Macon, ont coûté 1185 euros pour deux intervenants et étaient à partager entre trois rendez-vous, dont deux lieux autogérés aux faibles moyens. Résultat : nous avons reçus 680 euros au total pour cela durant les trois rendez-vous, soit un peu plus de la moitié des frais de déplacement. Sur cette mini tournée en Europe, nous sommes donc en déficit de 500 euros. Mais ces déplacements étaient nécessaires pour aider à lancer le film dans ces pays (première au Pays-Bas, première en Allemagne et première en Belgique flamande). Et cette mini tournée est loin d’être le plus couteux des projets qu’on nous demande à travers le continent !

Voilà pourquoi nous sollicitons exceptionnellement votre soutien pour permettre au film Nous n’avons pas peur des ruines d’être présenté dans un maximum d’endroits, hors de France et de Grèce, dans les prochains mois, y compris des endroits modestes, squats et lieux autogérés, qui n’ont pas beaucoup de moyens.

Si nous pouvions au moins arriver à la moitié de l’objectif (4000 euros sur 8000), cela nous permettrait de répondre favorablement à des demandes essentielles pour la diffusion du film et la propagation de ses idées.

Nous nous adressons uniquement à celles et ceux qui peuvent nous aider à cela. Si vous êtes dans une situation précaire, ne vous mettez pas plus en danger financièrement. Faites circuler l’info. C’est aussi une façon de nous aider.

Merci d’avance,

Maud et Yannis Youlountas avec le collectif filmique et plusieurs intervenants du film »

Si vous ne souhaitez pas utiliser la plateforme gofundme pour soutenir cette caisse spécifique, vous pouvez aussi faire un virement à Anepos en précisant en objet « caisse déplacements internationaux »

IBAN de ANEPOS : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Vous pouvez aussi envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS à l’adresse :
ANEPOS - Déplacements internationaux - 6 allée Hernando - 13500 Martigues (France)

La somme rassemblée sera uniquement pour cette caisse et pour cet objectif.

Agenda détaillé des projections-débats en France