
La loi Egalim devait proscrire l’exportation de pesticides interdits d’usage en Europe en raison de leur toxicité, mais la France profite de failles réglementaires pour passer outre. Des associations se mobilisent.
Les industriels européens de la chimie continuent de produire pour l’export des substances pesticides interdites dans l’Union européenne en raison de leur toxicité. Une enquête publiée en 2020 par les ONG Public Eye et Unearthed révélait ainsi que ces exportations avaient atteint 81 615 tonnes en 2018, dont 90 % au départ de sept Etats : Royaume-Uni, Italie, Pays-Bas, Allemagne, France, Belgique et Espagne… (...)
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– (Novethic/AFP 30 novembre 2022 )
Pesticides : malgré la loi Egalim, la France continue d’exporter des substances interdites
Deux ONG ont fait le compte des exportations de produits phytosanitaires à partir de la France. Selon Public Eye et Unearthed, les industriels français continuent d’exporter des substances dangereuses interdites par l’Europe, malgré l’entrée en vigueur en début d’année de la loi Egalim. Ils profitent des failles de la loi pour continuer d’écouler les pesticides hors d’Europe. La loi a néanmoins permis de réduire fortement les quantités exportées.
La France a autorisé entre janvier et septembre 2022 l’exportation de près de 7500 tonnes de pesticides interdits sur le territoire français, selon une enquête de deux ONG publiée mercredi 30 novembre, qui pointe de nombreuses "failles" dans les lois censées interdire la pratique. "La France continue d’exporter massivement des pesticides dangereux dont elle ne veut plus dans ses champs", explique le rapport rédigé par l’ONG suisse Public Eye et Unearthed, une entité de Greenpeace.
La loi de 2018 "pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous", dite Egalim, prévoit l’interdiction de la production, du stockage et de la circulation de certains produits phytopharmaceutiques dans lesquels se trouvent des substances interdites au niveau européen du fait de leur effet néfaste sur la santé humaine et animale. Mais il reste des trous dans la raquette. L’interdiction de l’exportation de "produits phytosanitaires" contenant des substances interdites ne s’applique ainsi pas aux substances actives elles-mêmes, ce qui permet aux industriels de continuer à produire ces substances et de les commercialiser à l’étranger dans leur forme pure.
Des failles importantes (...)
Malgré les initiatives citoyennes au niveau européen pour réclamer l’interdiction des pesticides, la réforme de la réglementation Reach, prévue dans le cadre du Pacte vert européen, a été reportée à la fin 2023 sous la pression des lobbys industriels.