Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Club de Mediapart/ YVES FAUCOUP Chroniqueur social
La face cachée de la méthanisation
#methanisation #agriculture
Article mis en ligne le 8 avril 2024
dernière modification le 2 avril 2024

Les pouvoirs publics se lancent dans un programme démesuré en faveur de la méthanisation, sans que le grand public n’en soit informé et sans que les inconvénients et dangers ne soient mis en avant. Comment riverains, scientifiques, écologistes et paysans s’y opposent.

Pour tenter de se montrer impliqué dans la transition écologique, le pouvoir cherche à développer la production de méthane (CH4), un gaz produit par des réactions chimiques provoquées par l’homme sur de la matière organique transformée. Des esprits peu informés se disent : c’est très bien, comme les panneaux photovoltaïques. Sauf que dans les deux cas, les autorités procèdent comme d’habitude : à l’arrache, et souvent en mentant par omission, quand il faudrait y aller avec réflexion, modération et réelle concertation locale.

Le discours officiel pousse les agriculteurs à investir massivement dans la méthanisation, en leur faisant miroiter des royalties, plutôt que de faire en sorte qu’ils soient rémunérés correctement pour leurs productions agricoles. Le rendement énergétique est faible, les subventions de l’État très élevées. Quant aux riverains, ils n’ont que leurs yeux pour pleurer (...)

Pour le moment, cela reste relativement confidentiel, mais tout laisse augurer que les réactions pourraient prendre de l’ampleur tant l’attitude des autorités font fi de cette inquiétude en déroulant des argumentaires lénifiants, progressant au pas de charge pour imposer leur programme. (...)

voir aussi :

 (Sos/YouTube)
la démesure des subventions à la méthanisation :

voir la video sur Invidious⬇️

voir la video sur YouTube

 INRAE : communiqué, 24 novembre 2021
Bilan environnemental de la méthanisation agricole : une étude ACV inédite

Le développement de la production de gaz renouvelables dans les territoires repose aujourd’hui essentiellement sur le procédé de méthanisation, technologie la plus mature*. Pour quantifier les impacts environnementaux de la production de biométhane issu des résidus agricoles, les experts d’INRAE Transfert, mandatés par GRDF, ont réalisé une étude ACV - Analyse du Cycle de Vie**. Cette étude d’une ampleur inédite s’appuie sur les travaux de plusieurs équipes de scientifiques d’INRAE. Elle compare les impacts de deux scénarios, l’un avec méthanisation et l’autre sans, dans différents contextes agricoles orientés vers la polyculture ou vers l’élevage. La méthanisation agricole est évaluée sur la base de 16 indicateurs clés. L’étude conclut à des impacts environnementaux majoritairement bénéfiques ou neutres en cas de méthanisation, avec des résultats contrastés selon les indicateurs analysés. Cette étude pose ainsi des bases solides pour assurer une bonne gestion environnementale des installations de méthanisation, et vient répondre à de nombreuses questions soulevées dans le rapport de la mission d’information sénatoriale*** publié cet automne.

 (Greenpeace)
Méthanisation agricole : quels risques, quels avantages ?

Une croissance exponentielle

La méthanisation est un procédé utilisé, entre autres, dans l’agriculture, et qui transforme de la matière organique en digestat et en gaz. Cette filière connaît actuellement une croissance exponentielle en France : elle est passée d’une production énergétique d’un TWh en 2007 à près de sept TWh en 2019, et a généré un chiffre d’affaires de 840 millions d’euros. Cette façon de valoriser les déchets organiques est donc particulièrement promue aujourd’hui, notamment dans le secteur agricole. Fin 2021, il existait en effet 1175 unités de méthanisation en France, dont environ 70% sont dites “agricoles” (les autres sont les unités traitant les déchets ménagers, les eaux usées des stations d’épuration et quelques unités dites “centralisées” traitant différentes matières telles que les biodéchets issus de la restauration ou encore des co-produits de l’industrie agroalimentaire). Le développement de la méthanisation, enfin, fait partie intégrante du volet agricole du plan d’investissement public “France 2030”.

La méthanisation, une production d’énergie renouvelable et circulaire (...)

La méthanisation n’est pas une solution miracle

Pour autant, la méthanisation ne doit pas être promue comme une solution miracle. En effet, les inconvénients et les risques que présente cette filière sont nombreux. Il est tout d’abord à noter que cette filière est encore relativement jeune : ses impacts à grande échelle sont encore difficiles à appréhender et, à l’échelle locale, les conséquences de la méthanisation sur les sols et l’eau sont méconnues. Les impacts de cette technologie dépendent fortement des lieux et des exploitations dans lesquels les unités de production sont installées : les configurations de fonctionnement de ces unités et leurs externalités sont très variées.

Certains grands projets de méthaniseurs sont décriés par des collectifs de riverains et des associations locales en raison de l’opacité de ces projets et des nuisances liées à la production des méthaniseurs. (...)

La méthanisation ne doit en aucun cas devenir l’activité principale des agricultrices et des agriculteurs ni être le fait d’entreprises dédiées, au risque de générer une compétition dans l’utilisation des terres et de devenir une source de profits pour les grands groupes plutôt qu’un procédé de valorisation des déchets agricoles au service des agriculteurs et des agricultrices (...)

Une technologie à encadrer rigoureusement

Si la méthanisation est une technologie intéressante et présentant de réels intérêts écologiques, sociaux et économiques, son utilisation et son développement doivent donc être strictement encadrés et son impact environnemental précisément évalué. Tout projet d’installation de méthaniseur doit faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et de concertations solides avec les riverains et riveraines.

Enfin, le développement de cette technologie ne doit pas être brandi pour faire oublier les nécessaires transformations à opérer au sein de notre système agricole. Parmi celles-ci, le développement des pratiques agroécologiques, l’amélioration de la rémunération des producteurs et des productrices, la désindustrialisation de l’élevage, la relocalisation et la végétalisation de notre production alimentaire sont prioritaires.