l faut être capable de le reconnaître : il y a des clusters en France. Des clusters de violence institutionnelle, de racisme, de mensonge et de déni. Nous ne sommes pas complètement démunis : nous pouvons les localiser avec une grande certitude : la préfecture de police, la Place Beauvau, l’Élysée — on a repéré également des super spreaders Quai du Point du Jour (CNews, LCI), dans le 15e (France Télévision, BFM) et à Radio France (notamment à l’étage de France Info). Nous devons aussi admettre que nous n’avons pas été assez vigilants pendant trop longtemps : nous n’avons pas appliqué convenablement les gestes barricades, pas assez porté nos masques. Et voilà où nous en sommes. Mais nous pouvons nous ressaisir. Nous le devons même : nous sommes en guerre.
Nous pouvons compter sur la science. Dans les clusters les plus infestés — la police —, la recherche a montré comment les comportements racistes et violents se transmettaient de proche en proche à partir d’un individu particulièrement virulent. Celui-ci doit être rigoureusement confiné — et en réalité sans doute mis en quarantaine définitive tant qu’on n’a pas trouvé de vaccin (ne nous cachons pas la vérité, l’élaboration d’un vaccin contre le racisme et la violence dans la police risque de prendre beaucoup de temps). Les autres doivent avoir chargé l’application de contact tracing StopBovid pour qu’on puisse : 1) identifier sur qui ils ont postillonné, 2) leur permettre de déclarer des symptômes (flash de plaisir à proférer des insultes racistes, à ne contrôler que les gens de couleur, à saisir la première occasion d’exercer des violences — l’adhésion à un syndicat de police est un signe avant-coureur qui doit être pris très au sérieux). Pour être autorisé à sortir, ils devront remplir une attestation sur l’honneur qui les engage à se comporter normalement, disons comme on voit la police à la télé. Toute infraction sera sévèrement punie d’une retenue sur salaire et, à la troisième incartade, de possibles peines de prison. Ces individus doivent comprendre que nous devons impérativement briser les chaînes de contamination dont ils risquent d’être des propagateurs.
Le paradoxe de cette épidémie, c’est que ses foyers apparents, les commissariats, s’ils sont très virulents, ne sont pas les plus difficiles à maîtriser — on peut aisément en venir à bout en répartissant les individus en centres fermés. La recherche rencontre des difficultés plus sérieuses avec les autres clusters. Qui défient les modèles épidémiologiques. Autant la dynamique virale est assez aisément prévisible avec la police, autant les comportements des clusters politiques sont encore incompréhensibles. Par exemple, après le rassemblement du 2 juin au TGI de Paris, Christophe Castaner déclare à Ouest-France que « la police protège de tout y compris du racisme ». Des virologistes de renom ont confié qu’ils n’avaient jamais vu ça. Pour l’heure on continue de chercher en vain quelles hypothèses il faudrait mettre dans un modèle pour lui faire engendrer des choses pareilles. Nous ne devons pas nous cacher que la perspective du vaccin, qui était déjà lointaine pour les clusters policiers, est ici tout à fait hors de portée, de même, mais ça allait sans dire, que celle de l’antidote. (...)
La préfecture de police également devrait être entièrement mise sous housse plastique. Spécialement les derniers étages. Où la recherche bute sur des difficultés de prédictibilité similaires. Nous savons déjà que les casquettes trop grandes, ou mal ajustées, peuvent être un facteur de contamination — c’est pourquoi nous avons fait le choix de ne pas les distribuer largement, constatant que les intéressés ne savent pas bien comment les mettre. Mais ceci ne suffit pas, évidemment, pour comprendre la symptomatologie déconcertante, et fulgurante, qui s’empare des sujets. Décisions aberrantes, propos aberrants — dont on pressent cependant qu’ils forment un tableau clinique d’ensemble très cohérent. Par exemple interdire à quelques heures du rassemblement une manifestation annoncée depuis plusieurs jours (...)
Annoncer de nouveaux « jours heureux » en constituant un conseil d’économistes autour de Jean Tirole, puis en nommant Pierre Moscovici à la Cour des comptes, signale, par exemple, la dimension hallucinatoire du monde dans lequel le sujet semble enfermé. On se souvient d’ailleurs de ses propos sur l’inexistence de toute violence policière. (...)
Il est évident que nous avons ici le premier cluster de France vers lequel les gestes barricades doivent être appliqués le plus rigoureusement.
Ceci ne doit pas nous conduire à négliger les clusters « secondaires » — BFM, LCI, CNews, France Télévision, France Info —, d’ailleurs pas si secondaires que ça. Le respect de la distanciation sociale y est presque impossible, et les gens y vivent dans une effroyable promiscuité cognitive. (...)
Heureusement, ici, les modèles sont d’une remarquable fiabilité prédictive. Nous savons à l’avance qui va dire quoi, développer quel symptôme, postillonner à quel moment. (...)
Ce tableau épidémiologique devrait en tout cas bientôt faire l’objet d’une publication soumise à The Transpalet.
Entre temps, restons civiques et ne baissons pas la garde : masques, gestes barricades, gestes Fenwick. Nous sommes en guerre.