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L’Éducation nationale en grève : « On a l’impression de ne pas être respecté »L’Éducation nationale en grève : « On a l’impression de ne pas être respecté »
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Article mis en ligne le 2 février 2024

Dans les cortèges, à Nîmes comme à Paris, la ministre Oudéa-Castéra a été conspuée. Plus profondément, la politique choisie par Attal et Macron, et notamment les groupes de niveaux au collège, est fortement critiquée.

Elle s’affiche un peu partout, sur les pancartes comme dans les chants. Amélie Oudéa-Castéra, empêtrée dans les polémiques depuis sa nomination, a alimenté la colère des profs en grève, jeudi 1er février, un peu partout en France. « Elle applique des mesures dont elle n’est pas l’autrice, nous en sommes bien conscientes, mais il faut bien avouer qu’elle accumule les casseroles ! », explique Noémie, enseignante depuis douze ans en Île-de-France, et qui tient au-dessus de sa tête une pancarte avec écrit « Oudéa casse-toi d’là ».

« Il y a des réformes très impopulaires, comme les groupes de niveaux au collège, il y a la question salariale loin d’être réglée, le chantier de l’attractivité du métier, et puis il y a le contexte, évidemment… », notent les têtes de pont syndicales, en tête de cortège à Paris, en référence aux sorties de la ministre sur l’école publique début janvier, qui ont fortement heurté la profession. Les enseignantes de l’école publique parisienne où le fils d’Oudéa-Castéra a fait un passage éclair brandissent d’ailleurs une banderole en forme de clin d’œil : « À l’école Littré, un paquet de profs mobilisés. » Elles sont acclamées par les manifestant·es.

Les chiffres de grévistes sont d’ailleurs conséquents. Un peu plus de 20 % tous degrés confondus selon le ministère, quand les syndicats annoncent 40 % de grévistes parmi les enseignant·es des écoles primaires et 47 % en collège et lycée. Il faut remonter à 2022 et la manifestation de janvier contre Jean-Michel Blanquer après l’épisode d’Ibiza pour retrouver pareille mobilisation. (...)

Un écart public-privé critiqué

À Paris, l’école privée et la puissance publique qui le finance en prennent aussi pour leur grade. « On ne peut pas concurrencer vu les moyens qu’on nous donne… L’état du bâti, l’équipement informatique, rien ne va, pointe Marion, professeur d’arts plastiques en Seine-Saint-Denis. Une professeure de français n’a pas été remplacée pendant un mois dans mon collège, jusqu’à ce qu’une photo de notre mobilisation paraisse dans Le Parisien ! On se fout de nous. »

Sur les réseaux sociaux, la veille, les photos de plafonds et de murs en lambeaux au lycée d’Alfortville, en attente de travaux depuis des années, avaient déjà provoqué des commentaires acerbes, les profs concernés rappelant les 900 000 euros de subvention facultative au lycée Stanislas confirmée récemment par la présidente du conseil général d’Île-de-France, Valérie Pécresse. (...)

Ce jeudi 1er février, les enseignant·es pointaient aussi le manque d’attractivité de la profession et réclamaient de meilleurs salaires. (...)

« On économise sur l’éducation, et donc sur les générations de demain. C’est ce qui me révolte le plus » (...)

« Il ne faut plus que les enseignants soient traités comme des chiffres, on n’est pas un ministère comme les autres » (...)

La situation est tellement explosive qu’elle mobilise au-delà des bastions traditionnels. Plusieurs « cadres » de l’Éducation nationale, chefs d’établissements ou inspecteurs étaient également en grève. (...)

Très critiques à l’égard des solutions avancées par Attal lorsqu’il était encore ministre de l’éducation, les manifestants parisiens comme nîmois ont dézingué son fameux Pacte, censé combler les absences de courte durée à l’aide d’une poignée d’enseignant·es volontaires, mis en place l’an passé, tout comme ils rejettent en bloc ses « groupes de niveaux », prévus pour septembre 2024. « S’il n’y a pas cette émulation avec les élèves moteurs, on les maintient dans leurs difficultés », argue le Nîmois Bruno Chaniac, qui y voit une action « contraire à l’idée d’une école émancipatrice ». (...)