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« J’ai honte de mon école » : AgroParisTech annule l’invitation de militants écolos
#lessoulevementsdelaterre #agroparistech
Article mis en ligne le 26 janvier 2024
dernière modification le 25 janvier 2024

L’école AgroParisTech a annulé une journée d’étude avec des activistes antibassines et antispécistes, prévue le 25 janvier. Motif : éviter qu’elle ne leur serve de « caisse de résonance ». Elle a finalement été déplacée ailleurs.

Couverte par le bruit des tracteurs des agriculteurs en colère bloquant les autoroutes lundi 22 janvier, la direction de l’école d’ingénieurs AgroParisTech a annulé une journée d’étude consacrée aux nouveaux modes d’action écologiques qui devait accueillir jeudi 25 janvier plusieurs activistes (antibassines, antispécistes, etc.).

Dans un laconique communiqué de quatre phrases, l’institution se justifiait du risque que cette journée soit « détournée de son objectif initial pour en faire une caisse de résonance de prises de position militantes ». (...)

Tout avait pourtant été fait dans les formes. Auteur de L’écologie politique en France et La Figure du paysan, le professeur de sciences politiques Bruno Villalba, initiateur de ces rencontres, détaille la démarche : « Cette journée d’étude s’inscrit dans des recherches que nous menons depuis plusieurs années sur les évolutions des pratiques écologistes, au regard de l’aggravation des situations écologiques. » (...)

Plutôt que de travailler sur des articles de presse et publications de réseaux sociaux, l’enseignant avait proposé à ses étudiantes et étudiants de questionner les motivations des activistes de vive voix. En têtes d’affiche : Julien Le Guet et Jean-Jacques Guillet du collectif Bassines non merci, l’antispéciste Vincent Aubry et Léna Lazare des Soulèvements de la Terre.

Un programme soumis et validé deux mois à l’avance et soutenu par le laboratoire CNRS Printemps, la Graduate School Biosphera ou encore l’Association française de science politique. (...)

Mercredi 17 janvier, Julien Le Guet s’était vu signifier sa peine par le tribunal de Niort pour l’organisation de la grande manifestation à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars 2023. Avant le mail de confirmation du samedi matin, donc.

À 14 h 45 ce même lundi, le communiqué de presse a été mis en page, envoyé dans la foulée ; l’affaire, elle, close.
« Vous faites annuler cet événement, je compte sur vous »

« D’abord, je n’y ai pas cru, avoue un étudiant du master souhaitant rester anonyme. J’ai ensuite été choqué, puis en colère. Maintenant, je suis déçu et j’ai honte de mon école, qui manque de respect à ses enseignants et élèves, et qui s’abaisse littéralement à des fake news [fausses informations] propagées sur X. »

Lundi 22 janvier au matin, en effet, un message avait été adressé à AgroParisTech et au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau via ce réseau par un agriculteur du Cantal, Cédric (alias @agric15) : « Il y a une journée organisée le 25 janvier à AgroParisTech contre les lois antispécistes [sic], un truc qui nous plaît pas bien, lance-t-il dans une brève vidéo visionnée plus de 36 000 fois. Il faut savoir qu’AgroParisTech est sous la tutelle du ministère de l’Agriculture. »

Et l’influenceur d’énumérer les intervenantes et intervenants, avant de demander au ministre : « Vous faites annuler cet événement, je compte sur vous. » Quelques minutes après l’envoi du communiqué, il se félicitait sur le même réseau : « Ah merci, sage décision. » (...)