Alors qu’à Gaza, plus de 16 000 patients attendent une évacuation sanitaire selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des médecins étrangers, bénévoles pour le compte d’ONG internationales se voient refuser l’accès au territoire palestinien. C’est le cas de Feroze Sidhwa, un chirurgien américain qui a déjà fait deux séjours dans la bande de Gaza, et dont l’autorisation a été annulée la veille de son entrée sur le territoire. Il patiente depuis 10 jours dans un hôtel d’Amman en Jordanie.
L’interdiction d’entrée à Gaza du chirurgien américain est motivée par le Shin Bet, le service de renseignement intérieur israélien, selon le peu d’informations dont dispose Feroze Sidhwa :
« J’ai été très vocal au sujet de ce que j’ai vu à Gaza. J’ai témoigné devant le Conseil de sécurité de l’ONU, j’ai écrit à ce sujet dans le New York Times… Alors peut-être que c’est pour ça qu’ils ont pensé qu’il valait mieux ne pas me laisser entrer. Mais ce n’est évidemment pas une raison légitime. » (...)
Feroze Sidhwa a une longue expérience des zones de guerre, notamment en Ukraine dans les territoires occupés par l’armée russe, il n’a pourtant jamais été empêché d’y pratiquer la chirurgie :
« Ce n’est pas le genre de chose que font des États. C’est le genre de choses que ferait une petite milice au Soudan ou au Congo, par exemple. Ce n’est pas ainsi que des États se comportent. C’est complètement scandaleux. Si les Russes m’empêchaient d’entrer en Ukraine, tous les journaux anglophones en auraient fait leur Une. »
À Gaza, il avait une mission bien précise, former les médecins palestiniens à la colostomie inversée :
« Une colostomie, c’est quand vos intestins sont blessés : on les fait sortir de la peau pour qu’ils puissent guérir correctement. Une fois la guérison terminée, disons six mois plus tard, on peut alors refermer la colostomie. D’après ce que j’ai vu, il y a 50 000 colostomies à Gaza qui doivent être refermées, c’est complètement aberrant, c’est un nombre absurde. » (...)