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Intelligence artificielle : les 7 choses qu’on ne vous dit pas
#IA
Article mis en ligne le 8 février 2025
dernière modification le 7 février 2025

Du 10 et 11 février, la France accueille le Sommet mondial sur l’Intelligence Artificielle. Au programme  : une vitrine sur l’avenir qui n’exposera pas les dangers de l’IA. Bien que ces technologies offrent des avancées réelles - dans le domaine de la médecine par exemple - elle présente aussi des dangers sérieux pour les droits humains. Avec plusieurs organisations de la société civile, nous listons ici les faces cachées de l’IA qui ne seront pas présentées au sommet.

En organisant à Paris le sommet mondial sur l’Intelligence artificielle (IA), Emmanuel Macron souhaite que «  la France ne passe pas à côté de cette révolution. » Sous couvert d’innovation, c’est la course à la productivité et au profit qui est en jeu. Au rythme foudroyant à laquelle l’IA se développe, les dirigeants ne semblent pas pressés de réfléchir aux enjeux humains, sociaux et environnementaux que posent ces nouvelles technologies. Pourtant, l’un des plus grands enjeux est là.

Développer l’IA pour continuer d’obtenir des avancées majeures dans des domaines comme la médecine oui, mais développer l’IA en mettant en péril des droits : c’est non. Les droits humains et la justice environnementale doivent être placés au cœur de la régulation de l’intelligence artificielle.

Et parce que les dangers de l’IA ne figureront pas au programme officiel du Sommet mondial, nous vous les rappelons ici.

1. L’IA perpétue le racisme
Pour fonctionner, l’IA s’appuie sur des bases de données qui intègre les préjugés et biais des personnes qui l’ont créé. L’IA perpétue donc les stéréotypes et accentue les discriminations déjà existantes.
➡️Aux États-Unis, la police utilise une IA pour prédire la récidive criminelle. C’est le fait qu’une personne accusée va potentiellement commettre un nouveau un délit. Cette IA cible deux fois plus les accusés Noirs que les accusés Blancs.

2. L’IA accentue le sexisme

L’intelligence artificielle s’impose comme un miroir de nos sociétés  : elle reflète, aussi, ses biais et accentue les inégalités de genre. 

➡️En Autriche, des algorithmes utilisés dans des outils d’accès à l’emploi ont écarté les femmes des secteurs informatique.

3. L’IA permet la cybercriminalité

Les montages perçus les plus crédibles générés par IA sont un réel danger pour les femmes et les enfants.

➡️Les deepfakes sont massivement utilisés dans le but de nuire aux femmes et de générer des contenus pédocriminels.

4. L’IA impacte la planète

➡️D’ici 2027, l’IA générative nécessitera une alimentation en électricité équivalente à celle de l’Argentine, cinq fois la France en superficie.

Les pays du Sud sont les premiers impactés par les ravages écologiques de l’IA (...)

Les émissions de CO2 des "géants de la Tech” ont augmenté de 30 à 50% en 2024 suite au développement fulgurant de l’intelligence artificielle.

5. L’IA désinforme

Beaucoup d’outils d’intelligence artificielle permettent et participent à la désinformation  :

➡️Des «  bots  », ces robots qui imitent l’activité humaine sur les réseaux sociaux pour manipuler l’information, en spammant du contenu, en renforçant la notoriété de comptes ou en diffusant de fausses informations.

➡️Montage photo généré par l’IA. Lors de la campagne américaine, Donald Trump a relayé une photo générée par IA montrant Kamala Harris de dos en leader communiste face à une foule de partisans. Une image vue 82 millions de fois.

➡️Les deepfakes, ces fausses vidéos de célébrité qui prolifèrent sur les réseaux sociaux, outil notamment utilisé lors de campagnes présidentielles pour attribuer de faux propos aux candidats en lice.

À la vitesse laquelle se développe l’IA, il va devenir de plus en plus difficile de déceler le vrai du faux. 

6. L’IA surveille

Les systèmes d’IA sont aussi utilisés à des fins de surveillance contre certaines populations. En témoigne les pratiques de la Chine, dotées d’outils dopées à l’IA pour surveiller la population ouïghoure. Et bien souvent, ces technologies sont développées par les pays occidentaux.

➡️L’IA est d’ailleurs déjà utilisée aux frontières européennes à des fins de surveillance contre les personnes exilées.
Parmi les outils  : des détecteurs de mensonge et d’émotions sont utilisés pour contrôler les frontières. Baptisé iBorderCtrl, le projet est financé par l’Union européenne et déjà testé dans 3 pays  : Hongrie, Grèce et Lettonie.

7. L’IA peut tuer

L’IA, c’est aussi ça  : des drones et autres armes sophistiquées capables de choisir leurs propres cibles et de les attaquer sans contrôle humain. Des robots-tueurs, décidant via leurs algorithmes de qui vit et de qui meurt, se développent et se vendent déjà sur le marché. (...)

➡️À Gaza, l’armée israélienne a utilisé une IA appelée Lavender, censée cibler des terroristes mais qui ont provoqué la mort de milliers de civils gazaouis.

Nos rapports sur les risques de l’IA sur les droits (...)

Nos gouvernements ne cessent de parler de souveraineté de l’IA, mais les défis posés par ces systèmes transcendent les frontières. Loin d’être un sujet technologique, l’IA est l’affaire de toutes et tous. Tout le monde doit pouvoir choisir la direction de ses développements, quitte à les refuser s’ils ne correspondent pas à notre projet de société. Un cadre contraignant élaboré démocratiquement, dans une perspective de solidarité internationale et avec les communautés les plus impactées, qui place les droits humains et la justice environnementale au cœur de la régulation de l’IA, voilà le véritable progrès.

À lire : Notre appel conjoint avec 100 ONG : « L’IA telle qu’elle est développée alimente un système d’exploitation global »