Aujourd’hui (19 novembre 2024), 1 361 jours après l’inculpation officielle des accusé.es, les juges de Hong Kong désigné.es par la Sécurité nationale, ont prononcé leur jugement. En vertu de la loi sur la sécurité nationale (LSN), ils/elles ont retenu des peines de prison à l’encontre des 45 accusé.es reconnu.es coupables de conspiration en vue de commettre un acte de subversion pour leur participation à des élections locales démocratiques.
Parmi les condamné.es, Tai Yiu-ting, présenté comme l’organisateur de cette « primaire », a écopé de la plus longue peine, à savoir un emprisonnement de 10 ans. Les autres accusé.es ont été condamné.es à des peines de prison allant de 4 ans et 2 mois, à 7 ans et 9 mois.
Parmi les condamné.es figurent également les syndicalistes Carol Ng Man-yee, ancienne présidente de la Confédération des syndicats de Hong Kong (HKCTU), organisation aujourd’hui dissoute, et Winnie Yu Wai-ming, fondatrice et présidente de l’Alliance des employé.es de l’administration hospitalière (HAEA), syndicat également disparue.
En participant aux élections locales, toutes deux avaient pour objectif de faire entendre la voix des travailleurs/euses au sein du Conseil législatif, et de lutter pour la démocratie.
Avant d’être condamnées, Carol Ng et Winnie Yu avaient déjà passé respectivement 1 361 et 1 138 jours en détention. Aujourd’hui, Carol Ng a écopé de quatre ans et cinq mois de prison, et Winnie Yu de six ans et neuf mois.
Hong Kong Labour Rights Monitor (HKLRM) condamne fermement ces lourdes peines. HKLRM souligne que les 45 personnes pro-démocratie concernées ont pacifiquement lutté pour la démocratie et la liberté. En utilisant des moyens légaux, elles ont cherché à obtenir une majorité au Conseil législatif – un objectif qui ne devrait jamais être considéré comme un acte criminel. Comme l’a déclaré Winnie Yu dans sa lettre de demande d’atténuation, « le seul tort que j’ai eu est peut-être d’avoir trop aimé Hong Kong ».
Christopher Mung [1], directeur exécutif de HKLRM, a déclaré :
« Le verdict démontre que la loi sur la sécurité nationale a servi d’arme au pouvoir en place pour réprimer la société civile.
Les longues peines infligées aux condamné.es reflètent le programme répressif du pouvoir. Elles envoient au monde un nouveau signal alarmant : la répression se poursuit à Hong Kong et rien n’indique que les autorités ont l’intention d’y mettre un terme.
Le moment est venu pour la communauté internationale de faire preuve de solidarité et d’exiger la libération immédiate de ces personnes ainsi que des autres prisonnier.es politiques.
Nous exhortons la communauté internationale, y compris les Nations unies et l’Organisation internationale du travail (OIT), ainsi que les syndicats démocratiques et les gouvernements du monde entier, à adopter une position ferme et à demander des comptes au gouvernement de Hong Kong.
La plupart des syndicats, des groupes de la société civile et des partis politiques d’opposition étant dans l’incapacité de fonctionner, et la voix des habitant.es de Hong Kong étant réduites au silence par une persécution politique incessante, nous ne devons pas rester silencieux. Il est de notre responsabilité de parler en leur nom et de faire preuve d’une solidarité sans faille » (...)
Au cours des trois dernières années, le procès de ces 47 hongkongais.es a suscité une vive inquiétude au sein de la communauté internationale.
Le Comité des droits de l’Homme des Nations unies a demandé au gouvernement de Hong Kong d’abroger la NSL, citant son « interprétation trop large et son application arbitraire », ainsi que l’atteinte à l’indépendance judiciaire et au droit à un procès équitable.
En mai 2024, après la condamnation de 14 accusé.es, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a réitéré que la NSL n’était pas conforme aux obligations de Hong Kong, en vertu du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
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– (France24/AFP)
À Hong Kong, 45 militants prodémocratie condamnés à de la prison ferme
Les peines sont historiques. Lors du plus grand procès pour atteinte à la sécurité nationale, la justice hongkongaise a condamné, mardi 19 novembre, les 45 militants prodémocratie reconnus coupables de "subversion" à de la prison ferme.
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