
Le gouvernement grec a réaffirmé, le 9 avril, la désignation de la Turquie en tant que "pays tiers sûr" pour les demandeurs d’asile originaires de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et de Somalie. En mars, le Conseil d’État grec, saisi par deux ONG, avait pourtant annulé cette décision.
"C’est un jeu politique. Pour le gouvernement, c’est une question d’honneur". Lefteris Papagiannakis est déterminé. Alors que le gouvernement grec a publié, le 9 avril, une nouvelle décision ministérielle commune désignant la Turquie comme "pays tiers sûr", le directeur du Conseil grec pour les réfugiés ne baisse pas les bras.
(...) depuis 2020, la Turquie ne reprend plus aucun exilé venant de Grèce.
Opposition de la Cour de justice de l’UE
Pour cette raison, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé, en octobre 2024, que les États membres ne pouvaient pas rendre une décision de rejet d’une demande d’asile sur la base de la notion de "pays tiers sûr" lorsqu’il est établi que la personne concernée ne sera pas autorisée à retourner dans le pays en question. La Grèce est donc dans l’obligation de traiter les demandes d’asile des personnes originaires de Syrie, d’Afghanistan, du Pakistan, du Bangladesh et de Somalie, même si elles sont passées par la Turquie, rappelle Lefteris Papagiannakis.
Une obligation confirmée par le décision récente du Conseil d’État grec. Pourtant, dans un communiqué daté du 9 avril, le ministère grec de la Migration indique que "la Turquie reste un pays tiers sûr pour les demandeurs d’asile". "La décision prévoit explicitement la désignation de la Turquie comme pays tiers sûr pour les demandeurs de protection internationale dont le pays d’origine est la Syrie, l’Afghanistan, le Pakistan, le Bangladesh et la Somalie", précise le texte.
"Le gouvernement court-circuite la décision du Conseil d’État. C’est à dire qu’ils donnent à peu près la même justification pour dire qu’ils ont d’autres arguments mais en fait ils prennent la même décision", dénonce Lefteris Papagiannakis.
"De notre côté, nous allons aussi faire la même chose et déposer un nouveau recours", déclare le responsable. "Ça prend du temps parce que c’est juridique. Mais on a de notre côté la décision de la Cour de justice de l’Union européenne qui dit que si la Turquie ne reprend plus personne, il faut traiter leur demande d’asile en Grèce".
Risques de refoulements
La reconnaissance de la Turquie comme "pays tiers sûr" est critiquée depuis 2021 par les ONG de défense des droits humains qui estiment que les exilés y sont menacés.