C’est l’argument massue du ministère de l’agriculture comme de la FNSEA : le glyphosate serait nécessaire pour éviter le labour. Pourtant, de plus en plus d’exploitations se passent à la fois du labour et des herbicides. Une méthode de culture en attente de soutien public. (...)
La Coordination rurale, autre syndicat ancré à droite, soutient également la ré-homologation du glyphosate.
Mais qu’est donc cette agriculture de conservation des sols soudainement brandie comme étendard pour défendre l’herbicide le plus vendu au monde, en dépit de sa dangerosité ? Est-il vrai que cette méthode ne peut se passer de glyphosate ? (...)
L’agriculture dite de conservation des sols est une technique de culture qui s’interdit le labour. Pratique ancestrale de retournement de la terre afin, entre autres, d’ôter la végétation gênante pour les cultures, le labour contribue, sur le long terme, à l’érosion des sols et à la disparition d’innombrables organismes vivants. S’en passer permet donc de retrouver de la fertilité, mais cela suppose d’éliminer la végétation autrement si l’on veut faire pousser quelque chose sur son champ.
Pour cela, l’agriculture de conservation recourt aux herbicides. (...)
Entre deux maux, labour et recours aux pesticides, ils sont devenus de plus en plus nombreux à estimer que le premier est plus grave que le second. Ce sont ces réseaux qui aujourd’hui défendent mordicus la molécule contestée. Comme s’il fallait choisir entre la peste et le choléra, comme s’il n’existait aucune alternative.
Maraîchage sur sol vivant (...)
poser le problème sous la forme d’une telle équation, c’est faire croire qu’il est impossible de se passer à la fois du labour et de la chimie, alors qu’en réalité, d’autres méthodes existent, et que de nombreux agriculteurs et agricultrices sont en train de les expérimenter. C’est le cas en maraîchage, où la technique dite du maraîchage sur sol vivant a le vent en poupe.
C’est aussi possible en viticulture et en arboriculture, où l’on peut faire pâturer des bêtes pour désherber. (...)
Un réseau professionnel existe même depuis deux ans, c’est l’association ABC, pour « Agriculture biologique de conservation ». Et un peu partout sur le territoire, des groupes locaux, souvent rattachés à la FNAB, la Fédération nationale de l’agriculture biologique, lancent des expérimentations (...)
« Nous sommes en train d’essayer trois systèmes : faire passer des disques qui couchent les végétaux ; faire passer une sorte de scalpel (le strip till) qui les coupe à ras du sol, en se limitant simplement à la ligne de semis ; et associer certaines cultures qui permettent aux semis de faire leur place. Nous ne touchons pas à la terre. Il n’y a pas d’outil miracle qui fonctionne à 100 % mais nous voulons montrer qu’il y a des possibilités. La majorité des agriculteurs n’ont pas envie d’utiliser le glyphosate. »
Manque de moyens (...)
« Il n’y a pas de solution » ? Il y a plutôt un gros lobbying en faveur du glyphosate, et un gros manque de moyens mis sur les alternatives.