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Courrier International
. Gaza : “À partir de combien de morts passe-t-on de l’indignation à l’indifférence ?”
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 19 juillet 2024
dernière modification le 17 juillet 2024

Les atrocités perpétrées par Israël dans l’enclave palestinienne se suivent et se ressemblent, mais l’attention médiatique s’estompe. “Nous sommes-nous habitués au pire ?” interroge le quotidien libanais “L’Orient-Le Jour” après la frappe lancée par l’armée israélienne le samedi 13 juillet, qui ciblait une “zone humanitaire” et a fait 90 morts et plus de 300 blessés.

(...) Près de 100 morts de plus. À Gaza, le décompte macabre n’arrête pas un jour, pas une heure, de s’alourdir. Quelques heures après cette frappe ayant ciblé une “zone humanitaire” supposée sûre selon les propres critères de l’État hébreu, une autre frappe aérienne tue 20 civils dans le camp de réfugiés d’Al-Shati, dans l’ouest de la ville de Gaza, selon la Défense civile palestinienne. Le bilan de l’offensive israélienne dans l’enclave est désormais de 38 584 Palestiniens tués et 88 881 blessés, selon les autorités locales, tandis que la très sérieuse revue médicale britannique The Lancet évoque au moins 186 000 morts en prenant en compte les causes “indirectes” liées au conflit. Pourtant, à mesure que le bilan s’aggrave, l’émoi de l’opinion publique mondiale semble s’épuiser.

À partir de combien de morts passe-t-on de l’indignation à l’indifférence ? Cette question, rance et sordide, surgit inévitablement quand, à mesure qu’une guerre s’étale dans le temps, les médias se font les comptables du pire et que l’ampleur du désastre devient telle qu’humaniser chaque victime devient une gageure. Le Liban, l’Irak, la Syrie, d’autres pays en guerre au Moyen-Orient ont vécu dans leur chair la citation cynique de l’écrivain allemand Kurt Tucholsky, souvent attribuée à tort à Staline : “La mort d’un être humain, c’est une catastrophe. Cent mille morts, c’est une statistique.” (...)

Ma première expérience de normalisation de la violence a eu lieu après l’invasion américaine de l’Irak, quand le pays était plongé dans le chaos et que chaque jour apportait son lot d’attentats et de morts”, se souvient Hayat El-Hariri, chercheuse libanaise à l’intersection des médias et de la politique.

Au-delà du Moyen-Orient, les souffrances des habitants de Gaza semblent aussi ne plus avoir le même écho dans les médias internationaux, plus de dix mois après le début de l’offensive israélienne lancée en réponse à l’opération Déluge d’Al-Aqsa du Hamas le 7 octobre (...)
“Le crime le plus odieux est de s’habituer” (...) (...) (...) (...)