L’alerte est venue de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, ce jeudi 5 juin aux alentours de 8 heures du matin : un bateau de fortune est à l’arrêt au beau milieu de la Méditerranée. Comme souvent dans ce cas de figure, l’embarcation la plus proche des lieux est informée par les autorités pour essayer de porter, en urgence, un premier secours. C’est ainsi que le voilier Madleen, en route pour Gaza avec à bord Rima Hassan, Greta Thunberg, notre journaliste Yanis Mhamdi et des militants, a été contacté pour éviter un énième drame migratoire.
Lors de son arrivée, l’équipage découvre un esquif gonflable avec à son bord une vingtaine de personnes entassées, en situation de détresse.
Le voilier reste à proximité pour surveiller la suite des opérations. Un bâtiment se présente pour renvoyer les exilés d’où ils viennent, en se disant d’abord égyptien, puis avouant ensuite être sous pavillon libyen. (...)
Les passagers du radeau sont transférés à bord du navire libyen mais quatre d’entre eux décident de s’enfuir en sautant par-dessus bord, pour rejoindre le Madleen. Originaires du Sud-Soudan, ces quatre réfugiés sont actuellement à bord du voilier.
Cette opération constitue une violation du droit international pour plusieurs raisons : le bâtiment qui est venu « secourir » les exilés n’est pas un navire officiel de garde-côtes mais un vaisseau issu d’une organisation para-militaire ; de revendication libyenne, il est intervenu dans les eaux égyptiennes sans accord officiel de coordination ou de coopération ; le principe du droit humanitaire international de « non-refoulement », énoncé par la Convention de 1951 relative au statut de réfugiés qui « interdit le retour des réfugiés et des demandeurs d’asile vers des pays où ils risquent d’être persécutés » n’a pas été non plus respecté. Le triste quotidien de l’antique Mare Nostrum, devenue plus grand cimetière du monde.