Une proposition de loi adoptée à l’Assemblée nationale, en France, prévoit l’hébergement des mineurs isolés étrangers (MNA) pendant toute la durée de leur procédure de reconnaissance de minorité, même ceux qui font appel après un premier rejet. Actuellement, ces jeunes en recours sont présumés majeurs et remis à la rue par les services de protection de l’enfance. Si cette loi est adoptée par le Sénat, l’accueil d’urgence de ces MNA sera maintenu.
C’est une proposition de loi qui pourrait sortir des rues de nombreux adolescents étrangers. Adopté par l’Assemblée nationale en France, le 11 décembre 2025, ce texte porté par le candidat socialiste à la Mairie de Paris, Emmanuel Grégoire, prévoit de mettre à l’abri les mineurs isolés étrangers (MNA) pendant toute la durée de leur procédure de reconnaissance de minorité.
Actuellement, en France, les mineurs isolés étrangers, primo-arrivants, et se présentant aux services de protection de l’enfance (ASE) sont automatiquement mis à l’abri pendant l’évaluation de leur minorité. Mais cette prise en charge s’arrête lorsque le juge conteste le dossier - et considère le jeune comme un majeur. Lorsqu’ils font appel de cette décision, ces MNA en recours sont donc remis à la rue, sans aucune protection, en attendant une nouvelle audience devant le juge pour enfants.
Considérés comme adultes par les autorités, ces mineurs déboutés ont peu de chance d’être acceptés dans les différents centres d’hébergement d’urgence - réservés exclusivement aux plus de 18 ans. (...)
Si elle est votée par le Sénat, cette loi serait une "avancée positive essentielle", estiment aussi plusieurs ONG comme Médecins du Monde, Médecins sans frontières, la Ligue des droits de l’Homme ou encore Utopia 56, signataires d’une tribune dans Libération. Pour elles, ce texte "réaffirme un principe simple, tous les enfants en danger, sans discrimination, doivent être protégé·es au titre de la protection de l’enfance".
"Imaginez notre détresse"
Ces dernières années, lnfoMigrants a rencontré des dizaines de jeunes étrangers à la rue, partout en France. L’immense majorité était en recours de la reconnaissance de leur minorité. Cette semaine encore, à Lyon, la rédaction a rencontré plusieurs des 250 migrants qui, dans l’attente de leur nouvelle audience devant le juge pour enfants, patientaient dans un campement insalubre. (...)
"Imaginez notre détresse"
Ces dernières années, lnfoMigrants a rencontré des dizaines de jeunes étrangers à la rue, partout en France. L’immense majorité était en recours de la reconnaissance de leur minorité. Cette semaine encore, à Lyon, la rédaction a rencontré plusieurs des 250 migrants qui, dans l’attente de leur nouvelle audience devant le juge pour enfants, patientaient dans un campement insalubre. (...)
"On m’a dit qu’un recours durait 2 ou 3 mois, ça fait 4 mois que j’attends dans ce campement et je n’en peux plus. Imaginez un peu la détresse de ceux qui attendent depuis un an", raconte Ibrahim, un Malien de 16 ans, exténué. Plus loin, Junior, un jeune angolais, se lève quotidiennement, malgré ses conditions de vie, à 6h, pour se rendre au collège où il est scolarisé. "J’espère un jour être mis à l’abri", souffle-t-il.
À Paris, même désarroi. (...)
Même l’ONU s’alarme de la situation en France. Dans un rapport publié en octobre, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies (CRC) avait épinglé la France pour ses "défaillances" dans la prise en charge des mineurs isolés étrangers. Notamment lors de ces procédures de recours où les enfants sont "contraints de survivre dans la rue, dans des parcs ou dans des camps de fortune improvisés, sans nourriture ni eau potable en quantité suffisante".
3 200 jeunes en recours en France (...)