Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Infomigrants
Fosses communes en Libye : 30 ONG demandent à l’UE de mettre fin à son partenariat avec Tripoli
#Libye #fossescommunes #migants #immigration #UE
Article mis en ligne le 21 février 2025

Après la découverte ces derniers jours d’au moins 93 corps de migrants enterrés dans des fosses communes dans le désert libyen, une trentaine d’organisations internationales ont appelé au "gel des financements" de l’Union européenne à la Libye. Depuis 2017, la Commission européenne collabore avec Tripoli afin d’empêcher les migrants de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Italie.

Les ONG tentent, une nouvelle fois, de faire pression sur la Commission européenne. Dans un communiqué publié mardi 18 février, une trentaine d’organisations internationales - dont CCFD-Terre solidaire, Human Rights Watch (HRW), Sea-Watch et plusieurs ONG de sauvetages en mer - réclament le "gel des financements" de l’Union européenne (UE) à la Libye.

Cette annonce fait suite à la découverte ces derniers jours de fosses communes dans l’est et le sud-est de la Libye, près de centres de détention non officiels. Les exilés étaient détenus de manière illégale par des trafiquants et soumis à des violences. (...)

"L’UE doit prendre des mesures en Libye"

"À la lumière de ces nouvelles découvertes, et à la suite du rapport publié l’année dernière par la Cour des comptes européenne constatant l’échec des financements de l’UE en Libye face aux risques pour les droits humains, l’UE doit prendre des mesures en Libye", exhortent dans leur communiqué les ONG. (...)

Dans son rapport, rendu public en septembre 2024 et analysé par le Guardian, la Cour des comptes européenne explique que les équipements financés par l’UE en Libye, comme les bateaux, pourraient être utilisés par des personnes "autres que les bénéficiaires prévus", tandis que les voitures et les bus financés par l’UE "pourraient avoir facilité le transfert de migrants" vers des prisons, "aggravant la surpopulation". "Même après sept ans, et malgré les leçons apprises et un examen à mi-parcours, la Commission n’est toujours pas en mesure d’identifier et de rendre compte des approches les plus efficaces et efficientes pour réduire la migration irrégulière et les déplacements forcés en Afrique", tacle le rapport.

Les auteurs signalent aussi que les clauses permettant de geler les fonds de l’UE en cas de violation des droits de l’Homme ne sont "pas appliquées systématiquement", en particulier "en ce qui concerne la sécurité, la gestion des frontières ou d’autres activités sensibles". (...)

La trentaine d’ONG rappelle également que la Commission européenne a récemment annoncé avoir pris des mesures afin de réexaminer ses accords de financement avec la Tunisie, après des révélations sur les violations des droits perpétrées par les forces de sécurité tunisiennes, et appelle à faire de même avec leur voisin libyen. (...)

"Il apparaît clairement que les financements de l’Union européenne, ainsi que d’États membres, dont l’Italie et la France, à la Libye, n’ont pas tenu leur promesse d’améliorer les conditions de vie des personnes cherchant à se mettre en sécurité", dénoncent les humanitaires. "Les sommes allouées à ces financements devraient plutôt être utilisées pour sauver des vies et permettre la mise en place d’alternatives aux voyages périlleux entrepris par les personnes qui fuient la Libye, en ouvrant des voies de passage sûr", plaident-ils.

Contacté par InfoMigrants, un porte-parole de la Commission européenne affirme que l’organisation a "pris note du rapport faisant état de cette constatation effroyable concernant les fosses communes", et "encourage vivement les autorités libyennes compétentes à assurer un suivi adéquat de ces cas".

La Commission estime qu’"il est impératif de continuer à tout mettre en œuvre pour aider la Libye à mettre en place un système global de gouvernance et de gestion des migrations fondé sur les droits, en renforçant la capacité des acteurs libyens concernés à sauver des vies et à lutter contre les réseaux de passeurs qui profitent du désespoir des populations". Selon l’institution, "se désengager [en Libye] ne conduirait pas à une amélioration de la situation".