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RFI
Expulsions massives d’Afghans : l’Iran et le Pakistan durcissent le ton
#Iran #Pakistan #Afghanistan #migrants #immigration #expulsions
Article mis en ligne le 6 juin 2025
dernière modification le 5 juin 2025

Les Afghans réfugiés au Pakistan et en Iran sont aujourd’hui massivement poussés vers la sortie. Depuis avril, Islamabad a annulé des centaines de milliers de titres de séjour, tandis que Téhéran accélère les expulsions, y compris celles de familles entières. Pour l’ONU, cette tendance est "préoccupante".

Au 1er avril, après plusieurs mois de campagne contre les Afghans, accusés d’être liés au "terrorisme" mais aussi de soutenir la contestation politique contre le pouvoir, le Pakistan avait annulé les 800 000 cartes de résidence qu’il avait distribuées à des Afghans, parfois nés sur son sol ou y résidant depuis des décennies. Il menace désormais de lever fin juin la protection accordée aux 1,3 million d’Afghans détenteurs d’une carte de réfugié délivrée par le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). (...)

Cette nouvelle vague de départs forcés intervient alors qu’Islamabad voit les violences exploser dans ses régions frontalières avec l’Afghanistan et accuse Kaboul de manquer de fermeté face à des groupes qui utilisent son sol pour attaquer le voisin. Le gouvernement taliban, reconnu par aucun pays au monde, entretient des relations en dents de scie avec Islamabad.

En avril, Kaboul a accusé son voisin de "maltraitance" contre les migrants et de les utiliser "à des fins politiques". Depuis, le ton semble s’être adouci entre les deux capitales, qui ont même accepté il y a quelques jours de nommer de nouveau des ambassadeurs dans leurs chancelleries. Des ministres se sont rendus chez le voisin et le sujet des migrants expulsés a peu à peu disparu des déclarations publiques.
L’Iran fixe un ultimatum

Forcés au retour par leur voisin de l’Est, les Afghans sont également poussés au départ par celui de l’Ouest, l’Iran. Mardi 3 juin, l’ONU s’inquiétait d’une "tendance nouvelle et préoccupante" apparue en mai : deux fois plus de familles afghanes avaient été expulsées par Téhéran que le mois précédent. Et alors que le pays forçait jusqu’ici au retour des jeunes hommes en majorité, il expulse désormais des familles avec femmes et enfants. Les autorités n’entendent pas s’arrêter là : un responsable du ministère iranien de l’Intérieur a indiqué la semaine dernière à la télévision d’État que Téhéran donnait "jusqu’au 6 juillet" aux "quatre millions d’Afghans illégaux" pour quitter son territoire. (...)

Lorsqu’elles arrivent en Afghanistan, les familles de retour séjournent dans des camps temporaires aux conditions de vie précaires, souvent sans savoir où se rendre par la suite, dans un pays où 85% des habitants vivent avec moins d’un dollar par jour. "Ils retournent dans un pays qui n’est pas prêt à les accueillir", estime le Haut-Commissariat aux réfugiés. Les "pressions" iraniennes et pakistanaises "accablent des systèmes d’accueil et de réintégration fragiles en Afghanistan", note de son côté l’Organisation internationale pour les migrations.