
Ce samedi, une nouvelle vague de manifestations a traversé les États-Unis, marquant une intensification de la contestation contre la politique menée par Donald Trump depuis le début de son second mandat. Plus de 700 rassemblements ont eu lieu à travers le pays, deux semaines après une première journée de mobilisation nationale le 5 avril. Lancé sous le mot d’ordre « Hands Off » par les collectifs 50501 et Indivisible, une ONG proche du Parti Démocrate, ce mouvement large et hétérogène se dresse contre l’ensemble des offensives autoritaires et réactionnaires du gouvernement. À New York, la manifestation a rassemblé près de 50 000 personnes sur Madison Avenue, un chiffre encore plus élevé qu’au début du mois.
Une mobilisation d’ampleur face aux attaques sans précédent de Trump
La mobilisation du 19 avril a cristallisé une colère profonde contre l’ensemble de l’offensive réactionnaire menée par Trump depuis le début de son second mandat. Sur le terrain migratoire, le recours à une loi du XVIIIe siècle contre les « ennemis étrangers », utilisée pour justifier des déportations massives, figure parmi les principales sources de colère. Dans les cortèges, les slogans comme « Les immigrés sont les bienvenus ici » ont exprimé un refus clair de cette politique de terreur.
Les manifestants dénoncent aussi l’offensive économique d’ampleur initiée par Trump depuis le début de son second mandat. Le 18 avril, lors du « Liberation Day », Trump a initié sa guerre commerciale. Cette manœuvre a entraîné un effondrement des marchés financiers qui ont essuyé 6 000 milliards de dollars de perte de capitalisation, aggravant par voie de conséquence une crise sociale déjà profonde pour des millions de personnes. Les manifestants ont ainsi dénoncé des attaques contre les droits sociaux, en particulier les coupes massives imposées par Trump dans le budget de la Sécurité sociale et du programme Medicaid. Dans le même esprit, la fermeture du ministère fédéral de l’Éducation, orchestrée par Elon Musk, témoigne de la volonté de l’administration de démanteler les services publics pour livrer des secteurs entiers au marché et aux intérêts patronaux.
La colère des manifestants s’est également cristallisée autour de figures devenues symboles de la répression politique en cours : Mahmoud Khalil et Rumeysa Ozturk, des militants emprisonnés pour leur engagement contre le génocide à Gaza, ainsi que Kilmar Abrego García, expulsé illégalement vers le Salvador. (...)
Une contestation contenue et récupérée par l’appareil démocrate
Les mobilisations d’avril ont exprimé un rejet massif de l’agenda autoritaire et réactionnaire de Trump. Mais dès le départ, les forces libérales ont tenté d’en faire un outil au service du Parti démocrate, en cherchant à canaliser la contestation et à l’orienter vers des objectifs purement électoraux. En appelant à limiter la journée du 19 avril à de simples « événements communautaires », les organisateurs liés à l’appareil démocrate ont voulu freiner l’élan né le 5 avril. Pourtant, la mobilisation a largement dépassé ce cadre, révélant une colère bien plus profonde et radicale que les mots d’ordre minimaux agités par le Parti.
Ce scénario s’est déjà produit par le passé. Les grandes mobilisations féministes, antiracistes et pro-immigration qui avaient émaillé le premier mandat de Trump avaient été récupérées pour servir les intérêts de la campagne de Biden. Une fois au pouvoir, l’administration démocrate a rapidement trahi les espoirs qu’elle avait suscités : elle a augmenté les budgets de la police, attaqué les droits des travailleurs, réprimé le mouvement de solidarité avec la Palestine et soutenu ouvertement la guerre à Gaza. La campagne présidentielle de Kamala Harris a adopté la même logique alors que la candidate a porté un discours ouvertement pro-patronal et xénophobe, confirmant ainsi la continuité bipartisane dans laquelle s’inscrivent les politiques répressives et antisociales menées par l’État impérialiste étasunien, quel que soit le parti au pouvoir. (...)
Le mouvement ouvrier, après des années de syndicalisation et de grèves massives, a les moyens de reprendre l’initiative — à condition de mener une lutte offensive et radicale, en indépendance du Parti démocrate, contre le pouvoir patronal et l’État qui le sert.