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En Tunisie, le risque d’agression sexuelle est omniprésent pour les femmes migrantes
#Tunisie #racisme #migrantes #femmes #immigration #viols #UE
Article mis en ligne le 13 mars 2025
dernière modification le 11 mars 2025

Dans ce pays du Maghreb où vivent des milliers d’exilés, la plupart des femmes migrantes ont déjà été victimes d’agressions sexuelles, estiment les organisations qui les soutiennent. Des agressions qui aboutissent parfois à des grossesses non désirées et face auxquelles les exilées n’ont accès à aucune aide juridique ou policière.

Depuis février 2023 et le discours anti-migrants du président Kaïs Saïed, la vie est devenue un enfer pour les exilés en Tunisie. Privés de travail et de logement, la plupart sont contraints de vivre dans le plus grand dénuement, à la rue ou bien dans l’un des campements qui se sont construits dans les oliveraies autour de la ville de Sfax.

Mais pour les femmes migrantes, l’enfer tunisien prend une autre dimension. Privées de toute forme d’hygiène, de contraception et de suivi gynécologique en cas de grossesse, les migrantes sont aussi victimes d’agressions sexuelles tellement courantes que celles-ci sont devenues presque banales pour elles.

(...) pour tenter de gagner un peu d’argent et d’améliorer leur situation, de nombreuses femmes cherchent à quitter les campements et s’installer en ville. Mais "elles sont obligées de rester à la rue et de faire la manche parce qu’elles n’ont aucun moyen de vivre. La plupart sont accompagnées d’enfants ou de bébés", explique Romdhane Ben Amor, porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES).

Silence sur les agressions (...)

Au sein des communautés migrantes, le viol reste une honte pour les femmes qui en sont victimes.

"Après mon deuxième viol, je n’ai rien dit à mes amis quand ils sont venus me secourir. J’ai juste dit que j’avais été battue", raconte Lava. "Si tu as été violée, ici, tu ne le dis à personne, tu pleures la nuit". (...)

Interrogée par InfoMigrants, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) indique que "les femmes migrantes en Tunisie peuvent accéder au planning familial par le biais de partenaires institutionnels".

L’agence onusienne affirme également s’efforcer de "répondre aux besoins spécifiques et aux vulnérabilités des migrants, en particulier des femmes et des filles, tout en promouvant l’égalité des sexes et l’autonomisation".

"La plupart des femmes enceintes le sont en raison d’un viol" (...)

Parmi les victimes de ces agressions, certaines tombent enceintes et doivent mener leur grossesse à terme. "Ici, l’avortement est illégal et les femmes n’ont accès à aucune contraception. Même les préservatifs sont inaccessibles car ils sont trop chers pour nous", souligne le docteur Ibrahim.

En théorie, l’avortement est légal jusqu’à la fin du premier trimestre de grossesse en Tunisie, en vertu d’une loi adoptée en 1973. Mais, dans les faits, les obstacles pour en bénéficier sont très nombreux en raison de pénuries de matériel et de médicaments, des réticences du corps médical ou de la pression sociale exercée sur les femmes.
Aucune assistance médicale, ni policière

Dans un pays où le système de santé est en berne, même pour la population locale et où les discriminations envers les migrants sont très fortes, les femmes migrantes doivent alors vivre leur grossesse sans suivi et accoucher sans assistance médicale. "L’accès aux établissements de santé ne peut se faire qu’en cas d’urgence pour ces femmes", déplore Romdhane Ben Amor, du FTDES.

Le responsable se dit conscient de l’ampleur des agressions visant les femmes migrantes en Tunisie et dénonce le fait que, face à cette situation, "les autorités tunisiennes ne permettent pas aux associations spécialisées dans la santé ou la santé reproductive de travailler de manière libre avec les populations migrantes". (...)

Impossible également pour ces femmes d’aller porter plainte après une agression. "Comme pour toute la population migrante, ça voudrait dire être menacée d’être expulsée vers les frontières" (...)