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Mediapart
En Haute-Provence, des passionnés du loup solidaires des bergers
#loups #troupeaux #bergers
Article mis en ligne le 20 juillet 2024
dernière modification le 19 juillet 2024

Le Tour et sa caravane s’ébrouent jeudi 18 juillet entre Gap et Barcelonnette où, depuis les années 2000, l’association Ferus, en faveur des grands mammifères prédateurs, forme des bénévoles pour aller sur les alpages. Leur présence humaine fait dissuasion à la prédation sur les troupeaux.

(...) Ce programme, intitulé Pastoraloup, est réalisé depuis les années 2000 par l’association Ferus, qui milite pour une cohabitation apaisée avec les grands prédateurs que sont les loups, les lynx et les ours. Quatre cents bénévoles peuvent être mobilisé·es auprès d’une vingtaine d’éleveurs et éleveuses. Quatre sessions de stage par an se déroulent sur la commune de Turriers, au col des Sagnes, à 1 200 mètres d’altitude, dans la ferme ovine du même nom. (...) (...)

« Dire non au loup, c’est dommageable aux éleveurs »

Exterminés en France dans les années 1930, les loups sont revenus depuis l’Italie à partir des années 1990, non sans remous agités par des éleveurs et éleveuses subissant des prédations. Les pressions au niveau européen font envisager à la Commission européenne de réviser le statut d’espèce protégée des canidés. La population lupine dans l’Hexagone est désormais établie à près de 1 000 par l’Office français de la biodiversité (OFB).

« Sur chaque front de colonisation des loups, comme en ce moment en Côte-d’Or, la première réaction des éleveurs c’est de dire non. Ça leur est dommageable, parce que ça les encourage à ne pas s’équiper, à ne pas anticiper », explique Fannie Malet, salariée de Ferus, chargée de Pastoraloup : « Il faut deux à trois ans pour que des chiens de protection soient efficaces. Ça veut dire qu’ils vont passer deux à trois ans à se faire taper dans leurs troupeaux par des loups. »

À l’heure du déjeuner, à l’ombre d’un noyer, l’hôte et éleveuse Ingrid Briclot revient sur son expérience avec Pastoraloup. « Ça fait plus de dix ans que nous n’avons plus eu d’attaque. En 2010, ç’a été le carnage. Nous avons perdu une quarantaine d’agneaux et plusieurs brebis », raconte-t-elle. Son exploitation, de 350 brebis pour la viande en vente directe, est pourtant au cœur du territoire d’une meute. (...)

Plutôt que de hurler à l’extermination des prédateurs, Ingrid et son compagnon, André Maurel, ont cherché à comprendre le fonctionnement de la meute. Grâce aux sept pièges photographiques disséminés sur leurs terres, pour « savoir où les loups passaient » (...)

Avec les bénévoles de Pastoraloup, Ingrid et André ont érigé douze kilomètres de clôture autour de leurs pâtures. Un grillage à mouton, en partie enterré, est surmonté de deux fils électrifiés. À 1,40 mètre de hauteur, l’ouvrage empêche les loups de sauter dans le parc. Le dispositif est complété d’une dizaine de chiens de protection qui se relaient auprès des bêtes. Des patous, qui sont nés et ont été élevés au milieu des brebis pour « avoir un attachement au troupeau », précise Ingrid.

L’initiative a reçu un accueil mitigé par la profession. Puis, au fil des ans, d’autres éleveurs et éleveuses sont venu·es sur la ferme des Sagnes pour un partage d’expérience. « On nous a traités de tous les noms », se souvient André. « Ce n’est pas que l’on soit pour le loup non plus. Mais soit on trouve une solution pour cohabiter, soit on abandonne le métier », pose l’éleveur.
« Aide-bergère, pourquoi pas, je m’y verrais bien »

Chez les bénévoles, les motivations sont multiples, même si tous partagent un amour pour les grands espaces, la randonnée et autres loisirs. (...)

Au-delà de prôner une entente avec les loups, Pastoraloup jette des ponts entre différents mondes humains.