
Nourriture, croquettes ou médicaments... Des Espagnols montent sur leur vélo pour apporter des colis aux villes touchées par les inondations, peu accessibles en voiture. L’État, lui, est absent, dénoncent-ils.
Le jour se lève à peine à Valence, dans le sud-est de l’Espagne, que déjà des dizaines de personnes convergent vers la Rambleta. Ce centre culturel de la ville s’est transformé en quartier général pour les bénévoles. Chaque jour, ils y viennent par centaines afin d’organiser la distribution d’aides aux sinistrés des inondations, dont une partie se fera à vélo.
Le jour se lève à peine à Valence, dans le sud-est de l’Espagne, que déjà des dizaines de personnes convergent vers la Rambleta. Ce centre culturel de la ville s’est transformé en quartier général pour les bénévoles. Chaque jour, ils y viennent par centaines afin d’organiser la distribution d’aides aux sinistrés des inondations, dont une partie se fera à vélo. (...)
« On va dans des endroits difficilement accessibles en voiture ou à pied en raison de la distance. Avec le vélo, on peut aller très vite et très loin, en plus de pouvoir répondre à des besoins très spécifiques », explique Carlos. (...)
Depuis plus d’une semaine, les autorités espagnoles sont sous le feu des critiques pour leur réponse apportée aux inondations meurtrières qui ont fait au moins 219 morts et 89 disparus, la grande majorité au sud de Valence. De nombreux sinistrés déplorent n’avoir reçu que très peu d’aide, voire aucune, de la part des autorités.
À la Rambleta, chacun vient avec son vélo, tant amateur que professionnel. La cargaison se fait comme on peut : sacs à dos, paniers à l’avant ou à l’arrière, sacoches, remorques de vélo pour enfants. L’une des personnes derrière cette initiative du transport à vélo est Juan Dual, que tout le monde connaît ici. (...)
Les publications de ses premiers trajets sur les réseaux sociaux ont entraîné des centaines de citoyens à passer à l’action. (...)
Se déplacer en voiture dans les zones sinistrées est en effet toujours très compliqué. Beaucoup de routes restent encore endommagées ou jonchées de débris, alors que les autres sont prises d’assaut, provoquant des kilomètres d’embouteillages. (...)
Au mégaphone, une bénévole met en garde le premier groupe de cyclistes de la journée qui s’apprête à partir. « Soyez très prudent, il peut y avoir des contaminations sur place. Portez bien des masques et des protections sur vos chaussures. » La stagnation de l’eau et des débris dans les zones touchées fait craindre un risque sanitaire. (...)
un atelier de réparation de vélos a été improvisé sur le bord d’une fontaine. Alessandro Mercadanti ne chôme pas depuis quelques jours. « Hier, j’ai remplacé plus d’une centaine de pneus », dit ce réparateur de vélo, en montrant un carton entier rempli de roues crevées. (...)
« Maintenant, je vais regarder sur Ayudaterreta [une carte en ligne qui met en relation les bénévoles et ceux qui ont besoin d’aide] pour voir où sont les besoins les plus urgents à proximité et on va s’y rendre à pied, le plus rapidement possible. » (...)
D’origine mexicaine, Gustavo s’explique mal, lui aussi, le peu d’aide des autorités sur place. « Je suis très choqué. Même au Mexique, où il y a beaucoup de corruption, de l’aide est envoyée très rapidement en cas de séisme ou de tempête. Je n’en reviens pas de ce que je vois ici en Europe. »
Une colère qui ne faiblit pas (...)
« Nous n’avons reçu aucune aide des autorités, aucune. Une chance qu’il y ait ces bénévoles, j’en ai les larmes aux yeux », dit Pili, depuis son garage dévasté à Paiporta. Tout a pris l’eau, entraînant l’effondrement d’une partie du mur avec son voisin. « Mon fils est allé lui-même sauver des gens quand tout ça est arrivé, il n’y avait aucun secours. Il s’est rendu dans trois maisons, mais dans la dernière, lorsqu’il a ouvert la porte, il n’y avait plus que deux corps », raconte-t-elle les larmes aux yeux. (...)
« On a dû s’organiser seul, personne des autorités n’est venu nous aider. C’est indigne, c’est une honte. Tous les politiques en Espagne sont les mêmes, je ne voterai plus jamais », laisse éclater Tina. (...)