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Emmanuel Macron, tout sauf « inattaquable » sur les violences sexistes et sexuelles
#Macron #demographie #armement #extremedroite #femmes
Article mis en ligne le 24 janvier 2024
dernière modification le 22 janvier 2024

De nombreuses associations et collectifs féministes dénoncent l’hypocrisie d’Emmanuel Macron sur la lutte contre les violences sexuelles, qui se prévaut de lutter depuis 2017 contre les violences sexuelles alors que le budget reste très limité.

Le rétropédalage, tant attendu, s’est révélé extrêmement bref. Il s’est résumé à une poignée de mots. Si le 20 décembre, sur France 5, Emmanuel Macron se congratulait d’être « inattaquable sur la lutte contre les agressions faites aux femmes », quatre semaines plus tard, lors de sa conférence de presse, le chef de l’État a concédé : « Si j’ai un regret, c’est de ne pas avoir assez dit [lors de l’interview télévisée] combien la parole des femmes qui sont victimes de ces violences est importante. »

Une petite phrase – au milieu de plus de deux heures de cérémonie – qui intervient quelques jours après le rassemblement de plusieurs milliers de personnes devant les préfectures et les palais de Justice d’une quarantaine de villes françaises pour protester contre la politique du chef de l’État face aux violences sexistes et sexuelles. Preuve que le chef de l’État peut bel et bien être « attaqué ». (...)

Cette action était organisée par plusieurs associations féministes – Fédération Nationale Solidarité Femmes (qui a créé le numéro d’écoute 3919), Collectif féministe contre le viol, le Planning familial, des comités locaux de NousToutes, etc. À Paris, elle s’est tenue devant la place Saint-Augustin, où de nombreuses prises de parole pointaient « l’inversion de la culpabilité », faisant référence à la « chasse à l’homme » dont serait victime Gérard Depardieu, selon Emmanuel Macron.

« Nous croyons à la présomption de sincérité », affichait de son côté le communiqué du collectif Grève Féministe, qui coordonnait l’événement, ce jeudi 11 novembre. (...)

À côté de ces actions et de toutes les tribunes et autres textes collectifs qui ont essaimé depuis les déclarations du président de la République, il y a aussi toutes les alertes sonnées par les associations de terrain. « Manque criant de moyens », « hypocrisie », « coup de com’ » : les retours négatifs sont nombreux, alors que lors de sa conférence de presse, Emmanuel Macron a énuméré, sans détourner le regard de ses fiches – dont il n’avait pas eu besoin sur les autres sujets –, les actions menées depuis 2017.

Un satisfecit qui n’est pas sans rappeler celui d’Éric Dupond-Moretti, toujours garde des Sceaux sous le gouvernement de Gabriel Attal, le 2 janvier dans Le Figaro. Il se vantait alors des « premiers fruits » portés par la justice française pour « endiguer les féminicides ».
« Grande cause », petit budget

À l’image des hommes qui s’autoproclament pro féministes, mais dont les actes ne suivent pas leur engagement crié haut et fort, depuis sa réélection en 2022, Emmanuel Macron a multiplié les grands discours sans pour autant les faire suivre d’actes majeurs. Premier écueil : le budget. (...)

La Fondation des femmes appelle donc à une « révolution budgétaire » et milite pour que les moyens répondent à l’ampleur des besoins sur le terrain. Ainsi, l’institution a identifié cinq priorités d’action (...)

Les violences conjugales éclipsent les autres

La part qui concerne les violences conjugales représente plus de 90 % du budget de l’État consacré à la lutte contre les violences faites aux femmes. C’est l’autre grief : le montant alloué à la politique contre les violences qui échappent à la sphère conjugale ne représente que 12,7 millions d’euros en 2023. Il est pourtant censé recouvrir des problématiques très larges : les cas de harcèlements sexuels au travail ou dans l’espace public, les victimes de prostitution, etc.

« Les violences de genre sont partout, et le budget doit être adapté à cette ampleur. »
M. Lenoir (...)

la concentration du budget autour des violences conjugales ne permet pas de lutter contre les autres violences. Pire, elle les invisibilise. (...)

Immense travail, structures démunies (...)

La gynécologue Ghada Hatem, fondatrice de la Maison des femmes à Saint-Denis, remarque « cette politique de la communication » qui souvent ne « caractérise pas vraiment les actions sur le terrain ». Le gouvernement finance, mais a minima. (...)

L’« immense chantier de la prévention » est, en revanche, asséché en termes de budget, selon Ghada Hatem. Le rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes l’a notifié dans son dernier apport, ce lundi 22 janvier. C’est le sixième état des lieux du sexisme en France, et il invite à « s’attaquer aux racines du sexisme ». L’institution s’alarme de la part toujours grandissante de préjugés, y compris chez les jeunes générations. (...)

Des inégalités qui inquiètent Ghada Hatem. « La posture des adolescents s’aggrave. On a raté cette sensibilisation de la jeunesse. Il faut vraiment investir l’école et tous les lieux que fréquentent les jeunes générations », explique-t-elle. À ce titre, la défense de Gérard Depardieu exprimé par Emmanuel Macron, le 20 décembre, « est loin de donner le bon exemple » pour Maëlle Noir. (...)