Un an après sa défaite à la présidentielle, le Parti démocrate a remporté la mairie de New York et deux États de la côte Est, le New Jersey et la Virginie. L’opposition à Donald Trump a bénéficié d’un contexte de paralysie budgétaire et de difficultés économiques.
Il y a un an, après la sévère défaite à la présidentielle de sa candidate, la vice-présidente Kamala Harris, face à Donald Trump, le Parti démocrate entrait dans une longue phase de doute et d’introspection. Mardi 4 novembre, la formation d’opposition à Donald Trump est sortie de sa convalescence, revigorée par une journée électorale victorieuse.
Dans le nord-est du pays, ses candidat·es ont remporté la mairie de New York, la ville la plus peuplée des États-Unis et sa capitale financière, et les deux États en jeu, le New Jersey et la Virginie. Que ce soit Zohran Mamdani à New York, Mikie Sherrill dans le New Jersey ou Abigail Spanberger en Virginie, chacun·e a obtenu plus de 50 % des suffrages.
Si le premier penche plus à gauche que les deux autres, les trois ont mis l’accent, lors de leur campagne, sur le coût de la vie et l’échec de Donald Trump à faire baisser les prix, comme il s’y était engagé. (...)
Dans le New Jersey, sur la côte Est, Mikie Sherrill, une ancienne militaire qui sera la prochaine gouverneuse de cet État de plus de 9 millions d’habitant·es, s’est engagée à déclarer l’état d’urgence sur le coût de l’électricité dès son entrée en fonctions, prévue pour le 1er janvier prochain, alors qu’il a augmenté de 22 % cet été.
En Virginie, la démocrate Abigail Spanberger, une ancienne agente de la CIA qui sera la première femme gouverneuse de l’État et succédera au républicain Glenn Youngkin, a également fait campagne sur les difficultés économiques rencontrées dans cet État de la côte Est. De nombreux fonctionnaires fédéraux y vivent en raison de sa proximité avec la capitale, Washington. L’un de ses slogans des derniers jours était : « La Virginie souffre à cause des politiques de Trump que Sears [son adversaire républicaine Winsome Earle-Sears – ndlr] soutient. »
Pas de rois
Mardi soir, Abigail Spanberger a évoqué dans son discours ces licenciements massifs de fonctionnaires fédéraux menés par l’administration Trump. « L’économie de la Virginie ne peut pas fonctionner lorsque Washington considère nos travailleurs virginiens comme de la chair à canon, a-t-elle dit. Et face à ceux qui, de l’autre côté du Potomac [le fleuve qui sépare la Virginie de Washington – ndlr], s’attaquent à nos emplois et à notre économie, je ne resterai pas les bras croisés. »
Les deux candidates ont également alerté sur les attaques de Donald Trump contre la démocratie. (...)
Une partie de l’électorat qui s’était tournée vers Trump il y a un an, notamment les jeunes hommes mais aussi la communauté hispanique, est revenue dans le giron démocrate dans ces terres où le Parti démocrate est traditionnellement dominant.
« Les Américains sont consternés par ce qu’ils voient sortir de cette administration, a commenté sur CNN Alexandria Ocasio-Cortez, l’élue de New York à la Chambre des représentants. Ils sont consternés par la lâcheté du Congrès, par ces majorités républicaines à la Chambre et au Sénat. Je pense qu’ils voient désormais Donald Trump tel qu’il est réellement, c’est-à-dire un serviteur des milliardaires et des intérêts des grandes entreprises qui rendent la vie impossible à la classe ouvrière américaine. Et je pense qu’ils veulent envoyer des combattants dans chaque recoin de ce pays pour défendre les travailleurs, afin que la vie soit abordable et sûre pour tous. »
Les républicains paient le « shutdown »
Ces victoires interviennent également dans un moment de paralysie budgétaire. Le shutdown est désormais le plus long de l’histoire états-unienne, trente-six jours, et se traduit par l’impossibilité de millions de personnes à accéder à l’aide alimentaire et par le non-paiement des salaires de fonctionnaires.
Le piège tendu par Trump au camp démocrate (soutenir son budget sous peine de rétorsions contre les programmes sociaux) ne semble donc pas fonctionner auprès des électeurs et des électrices qui se sont déplacé·es mardi. Une majorité d’États-Unien·nes rejettent la responsabilité de la situation sur les républicains, en raison de leur refus de négocier avec les démocrates sur le prolongement de Medicaid, un programme public d’assurance-maladie. (...)